Rien ni personne, lendemain de fuite

 


Dès le titre du film transparaît une intransigeance, une route à sens unique dont le personnage principal ne déviera jamais. De fait, Jean, l’anti-héros de Rien ni personne – interprété par Paul Hamy, toujours à l’aise dans un registre très physique – constitue une force brute, déterminée, laissant sa vie d’avant derrière lui pour un hypothétique ailleurs. Ni les monceaux de cadavres ni un encombrant bébé dont il a la charge (comme dans un lointain écho de Baby Cart) ne l’empêcheront de rêver et de partir en quête d’un hypothétique ailleurs.

Dès son premier long-métrage, Gallien Guibert a du style à revendre ; si le microcosme criminel qu’il dépeint – fait de vilains trafiquants, d’hommes de main taiseux et de chiens fous vénaux – n’a rien de foncièrement original, le façon qu’a le cinéaste de le mettre en scène a de la gueule. Les grands stylistes comme Walter Hill, John Woo ou Michael Mann sont convoqués, certes – mais pas singés, pas platement imités. C’est que Rien ni personne a aussi la bonne idée de s’ancrer dans la réalité très concrète d’une certaine « France périphérique », avec ses centres commerciaux suréclairés, ses aires d’autoroutes anonymes et ses ports de plaisance interchangeables. Cette démarche de cartographie, qui s’inscrit dans le sillage de quelques belles incursions françaises récentes dans le cinéma de genre (Du crépitement sous les néons, Kanun – La loi du sang, Vincent doit mourir) rehausse ce qui n’aurait pu être qu’un polar de plus.

Rien ni personne, Gallien Guibert, 2023. Avec : Paul Hamy, Suliane Brahim, Françoise Lebrun, Sam Louwyck, Jina Djemba.

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