Prey, chassez le naturel...

 


Hollywood fait du neuf avec du vieux, épisode 672. Initiée dans les années 80, sous la férule du grand John McTiernan, la saga Predator n’a jamais réellement su où aller. Remplacer la mangrove par la jungle d’asphalte comme le fit l’honorable Predator 2 ? Faire se bastonner son monstre contre une autre grosse bébête culte de la science-fiction, l’Alien cher à Ellen Ripley ? Ou plonger la tête la première dans les abysses de la nanardise, tel l’ignoble The Predator ? Toutes ces pistes ont bel et bien été testées, et aucune d’entre elles ne s’est réellement avérée payante – et on dit bien « payante », puisque c’est avant tout de quête des gros sous qu’il s’agit ici.

Avec Prey, sa dernière itération, cette saga pantelante prend donc le large ; direction l'Amérique précoloniale, où une jeune Comanche, Naru, aura fort à faire face à un Predator venu d’une autre galaxie et du futur, ou à tout le moins d’un coin difficilement identifiable de l’espace-temps. C’est somme toute tout ce qu’il y a au menu, et ce n’est pas plus mal – quelques détails nous sont bien donnés sur les personnages et leur cosmologie mais tout ça n’a franchement que peu d’importance. Ni caille royale ni viande faisandée, Prey entreprend de fait peu de choses mais les fait plutôt bien. La réalisation du dénommé Dan Trachtenberg (déjà à la tête de 10, Cloverfield Lane, meilleur volet de la saga Cloverfield) est solide et Amber Midthunder, l’interprète de Naru, a effectivement du talent à revendre.

Pour Disney, qui possède les droits de la franchise Predator depuis son rachat de la Fox en 2017, c’est en tout cas une aubaine : sa nouvelle héroïne (une femme, de surcroît issue d’une population autochtone américaine – soit une figure largement absente du cinéma d’action depuis presque toujours) lui permet de repeindre aux couleurs du progressisme contemporain un fonds de commerce idéologique qu’on qualifierait volontiers de libéral-conservateur, tandis que le cadre choisi pour cette nouvelle aventure permet de ne pas se fâcher avec l’avenir et faire cohabiter des opus n’ayant qu’un lien très ténu en commun – façon, par exemple, American Horror Story. La preuve : à l’heure où l’on écrit ces lignes, pas moins de deux prochains films Predator sont envisagés par le studio, une suite à Prey et une autre histoire autonome, Badlands. Chez Mickey, la chasse risque donc d’être ouverte encore un moment. Taïaut !

Prey, Dan Trachtenberg, 2022. Avec : Amber Midthunder, Dakota Beavers, Dane DiLiegro, Stormee Kipp, Michelle Thrush.

Posts les plus consultés de ce blog

The Flash, chronique d'une mort annoncée

Robert De Niro, âge tendre et gueule de bois

Vous reprendrez bien une part de mondopudding ?