Le Fantôme du Bengale : Peau blanche, masque noir


Qu’il semble loin le temps où les super-héros ne régnaient pas, tels des despotes éclairés, sans partage sur le box-office mondial et où les studios n’annonçaient pas sur 5 ans leur programme de réjouissances en matière de héros capés. C’était les années 90 et cela semble avoir été il y a un siècle. D’où une certaine fraîcheur, une certaine naïveté – en tout cas moins de cynisme – quant à l’appréhension du film de super-héros à l'époque. C’est dans cette mouvance relativement premier degré que s’inscrit Le Fantôme du Bengale, inspiré d’une bande dessinée pulp des années 30. Le héros en est donc le Fantôme, justicier masqué chargée de défendre la veuve et l’orphelin, et héritier d’une tradition ancestrale dont le pouvoir se transmet de père en fils. La feuille de route est ici peu ou prou la même qu’ailleurs : des artefacts mythiques, des méchants caricaturaux (ici, le vilain est incarné par Treat Williams, qu’on a connu en flic torturé chez Sydney Lumet et qui prend beaucoup de plaisir à cabotiner à mort), des jolies filles innocentes à sauver – bien que celles-ci le soient de moins en moins, innocentes. C’est l’époque qui veut cela, sans doute.
 
Autant dire qu’on s’amuse beaucoup devant ce Fantôme du Bengale. La réalisation est correcte, la direction artistique est de qualité, le scénario est un mélange réussi d’action trépidante, de développement des personnages et d’humour bon enfant (pas de surprise de ce côté-là puisqu’il est signé de la plume de Jeffrey Boam, déjà à l’œuvre sur L’aventure intérieure et Indiana Jones et la dernière croisade), d’autant que Billy Zane assure le boulot dans le rôle-titre. Bien sûr, cela ne révolutionne rien, et surtout pas le cahier des charges mis en place depuis Les aventuriers de l’arche perdue en 1981, et ici suivi à la lettre. Rien de choquant là-dedans pour autant : au même titre qu’un héros comme James Bond, la principale inspiration d’Indiana Jones fut justement puisée dans les BD pulp des années 30 : The Shadow, Mandrake le magicien et, bien sûr, Le Fantôme du Bengale. Il ne s’agit là que du soda à l’orange dont Indiana Jones est ou fut le nectar. Mais il faut parfois apprendre à se réjouir de peu.

Le Fantôme du Bengale (The Phantom), Simon Wincer, 1996. Avec : Billy Zane, Kristy Swanson, Treat Williams, James Remar, Patrick McGoohan.

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