Les Clubs des Coeurs Brisés : De l'autre côté de l'arc-en-ciel
A n’en pas douter, Le
Club des Cœurs Brisés est un film estampillé «gay » : tous ses
personnages principaux le sont, tout comme Greg Berlanti, son réalisateur et
scénariste, qui met ici en scène un récit semi-autobiographique. Pourtant, à la
différence d’autres métrages qui ont pour sujet frontal l’homosexualité, le
film n’offre pas l’analyse de ce qui est vu par la société comme une pure
« déviance », qu’il s’agisse de la maladie (Philadelphia) ou du transsexualisme (Hedwig and the Angry Inch).
Rares sont les films se voulant grand
public (c’est-à-dire : pas « de niche »), comme c’est ici le
cas, à prendre en compte et à traiter de l’homosexualité de ses personnages
sans en faire ni un prétexte à une leçon de morale lénifiante ni un appel du
pied marketing un peu facile à la communauté LGBT. C’est sur ce terrain
relativement vierge et engageant qu’évolue Le
Club des Cœurs Brisés. Ses héros sont jeunes, urbains, modernes, engagés
dans des relations parfois compliquées, et tiraillés entre l’hédonisme (le
refus de l’engagement, d’une certaine forme de responsabilités et donc du
passage à l’âge adulte) et une certaine forme d’assagissement. Autour d’eux, le
temps passe, la mort rôde, la vie continue, tant bien que mal ; comme pour vous
et moi, donc – pour moi, en tout cas. C’est donc bien les atours de la comédie
dramatique (ou comédie existentielle, ou même comédie romantique pour ceux qui
aiment mettre des étiquettes) que le film prend, sans se soucier réellement,
et c’est tant mieux, de l’orientation sexuelle des individus qui le peuplent. Un
film, un bon film, c’est d’abord et surtout ça : une bonne histoire à
raconter.
D’aucuns diront que tout cela serait beaucoup plus anodin si les
personnages étaient hétérosexuels, et ce n’est sans doute pas totalement faux. Mais
un tel procès d’intention n’a pas lieu d’être : les péripéties de ce Club-là sont plutôt mieux ficelées et
mieux écrites que dans beaucoup d’autres films du même type. C’est bien là tout
ce qui importe.
Le Club des Coeurs Brisés (The Broken Hearts Club : A Romantic Comedy), Greg Berlanti, 2001. Avec : Timothy Olyphant, Dean Cain, John Mahoney, Mary McCormack, Nia Long.