Argent Comptant : Move your buddy (movie)

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Plus grand-monde ne s’en souvient aujourd’hui, mais avant de faire du Rush Hour, Brett Ratner faisait déjà du Rush Hour ; c’était en 1997, ça s’appelait Argent comptant, c’était un buddy movie (déjà) et c’était avec Chris Tucker (déjà), qui en profite ici pour rôder son « légendaire » personnage d’inspecteur Carter. Même pas résolu à faire bonne figure pour son tout premier film, Ratner se contente comme toujours de pomper dans les grandes largeurs ce qui a marché les années passées : ici, c’est Bad Boys, son schéma prévisible et ses personnages stéréotypés, d’un côté la grande gueule tournée en ridicule, de l’autre le bellâtre distancié et même un méchant français. De la même façon, Ratner piocherait allègrement dans l’esthétique des thrillers 90’s (Le Silence des Agneaux, Seven) pour réaliser sa (pas si mauvaise) resucée Dragon rouge et son Coup d’éclat constituerait un sympathique condensé de la trilogie Ocean’s de Soderbergh.
 
Plus encore qu’un pillage pur et simple, Argent comptant constitue surtout un « patron » ou un prototype de buddy movie, moins par ses qualités réelles que parce qu’il reprend à la lettre et sans génie tous les éléments du genre : ainsi pendant une heure vingt, on voit s’échiner des personnages diamétralement opposés à poursuivre leur intérêt personnel le plus intéressé (par l’argent, les femmes ou des diamants – comme c’est le cas ici) et se taper dessus avant de se rendre compte, in fine et in extremis, qu’ils ont peut-être plus de choses en commun qu’ils ne le pensaient et qu’ils vont devoir coopérer pour vaincre plus vilain animal qu’eux – le tout sur fond de gunfights et de musique groovy. Bien sûr, réaliser un bon buddy movie présuppose d’une certaine légèreté, d’un certain je-m’en-foutisme ou d’une certaine beauferie – on appelle ça comme on veut. Des « qualités » qui font de Brett Ratner l’homme de la situation, son absence absolue de style servant pour le coup plutôt bien le récit. Un peu plus tard, Rush Hour connaîtrait pas moins de deux suites, en partie, sans doute, pour cette raison. Des films comme Argent Comptant, il en existe de fait des dizaines. Des mieux, à n’en pas douter. Des pires, aussi : celui-ci est dans la moyenne.
 
Argent Comptant (Money Talks), Brett Ratner, 1997. Avec : Chris Tucker, Charlie Sheen, Heather Locklear, Paul Sorvino, Gerard Ismael.

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