Men at Work : Les poubelles sont pleines

 
Dans la famille Sheen, on connaît surtout le père, Martin, icône du cinéma (La Balade Sauvage, Apocalypse Now), de la télévision (A la Maison-Blanche) et de l’engagement politique à Hollywood (pas moins de 65 arrestations au cours des 30 dernières années) ; et le fils cadet, Charlie, héros de sitcom (Mon oncle Charlie) et habitué de la rubrique faits divers (violences conjugales, excuses pseudo-antisémites puis excuses contrites, ce genre d’amabilités). On connait moins Emilio Estevez, le fils aîné (le vrai nom de Martin Sheen est Ramon Estevez, d’où un tel patronyme), qui n’a connu ni la carrière de son père ni les coups d’éclats médiatiques de son petit frère, en dépit d’une jolie carrière dans les années 80 et au début des années 90 (Breakfast Club, Young Guns, Etroite Surveillance, pour n’en citer que quelques uns). Faire l’impasse sur ce comédien attachant serait une erreur, à n’en pas douter, d’autant que l’homme n’est également pas manchot quand il s’agit de passer derrière la caméra. Au début des années 90, alors que les deux frangins sont au faîte de leur gloire (Charlie vient de tourner avec Clint Eastwood dans La Relève, ce qui est un adoubement en soi), Estevez sort Men at Work, sorte de simili-Laurel et Hardy movie très rigolo. Dans le film, deux empaffés, éboueurs le matin et tire-au-flanc le reste du temps tombent sur…le cadavre d’un conseiller municipal, principal témoin d’une affaire de déchets toxiques. Guère aidé par un ancien du Vietnam totalement pyschotique et pourchassé par une bande de tueurs pas plus dégourdis qu’eux, les deux compères/frangins auront fort à faire pour se sortir de cette histoire…
 
Le pitch de Men at Work n’est pas sans rappeler une autre comédie hilarante du début des années 90, Weekend chez Bernie, dans lequel deux idiots devaient, le temps d’un weekend, faire croire que leur encombrant patron, témoin d’une crise cardiaque, était bel et bien en vie. Il s’agirait là d’un Weekend chez Bernie qu’on aurait déplacé des Hamptons vers la côte Ouest – ce qui est l’occasion pour Estevez de railler les mœurs hédonistes californiennes. Au-delà de son argument de départ, le film vaut également pour ses acteurs principaux : Estevez comédien est impeccable, étonnant de décontraction, tandis que Charlie Sheen, loin d’être toujours bon, confirme, après Platoon et Wall Street qu’il peut se révéler excellent lorsqu’on lui confie des rôles bien écrits. Bien sûr, la nature de la relation des deux acteurs dans la vraie vie renforce leur complicité à l’écran et cette dernière offre au film quelques-uns de ses plus savoureux passages. La course échevelée des deux compagnons d’infortune finira même (forcément) sur un tas de détritus à ciel ouvert, dans un hommage à Tex Avery et ses gags cartoonesques. Ces références fort engageantes et une bande originale reggae aux petits oignons (UB40, Ziggy Marley,…) achèvent de faire de ce Men at Work une excellente comédie d’action, et une très bonne comédie tout court. Une belle affaire de famille, aussi.

Men at Work, Emilio Estevez, 1990. Avec : Emilio Estevez, Charlie Sheen, Keith David, John Getz, Leslie Hope.

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