Repo Men : A corps et à cris
A l’origine de Repo Men, il y a une bonne idée :
dans un futur proche, l’avancée de la technologie a permis de faire du don d’organes une formalité quotidienne. Devenus une marchandise comme une autre, les pièces démontées et
leur transfert sont donc gérés par une grosse entreprise qui envoient des « récupérateurs »
(les repo men du titre, pour reposession
men) quand les bénéficiaires du don sont incapables de payer – un peu comme
dans le sketch du Sens de la Vie des
Monty Python, que les personnages du film regardent d’ailleurs dans une scène.
Le
problème de Repo Men, c’est que passé ce postulat assez engageant et propice à
une SF potentiellement « sociale » (la marchandisation des corps dans
notre société, la prise en charge de traitements médicaux par des conglomérats
tentaculaires et pseudo-altruistes, etc.), rien n’a lieu, le film préférant, histoire de maximiser ses chances et ne pas mettre tous ses œufs dans
le même panier, emprunter plusieurs pistes, qui tombent une par une à plat.
Un(e)
quelconque message ou morale sur le sujet abordé ? N’y pensez même pas. La
romance entre le fugitif et la chanteuse héroïnomane ? Aucun battement de cœur
de ce côté-là, ou si peu. Surtout, Repo
Men a (comme beaucoup de films du même type) du mal à exister en dehors de ses
encombrants prédécesseurs : ici, un peu de Blade Runner, là, un peu de Brazil,
ou de Vanilla Sky, et même un peu de Bievenue à Gattaca ou d’eXistenz – impression sans doute
renforcée par la présence, toujours affable, de Jude Law, ici accompagné de
Forest Whitaker, avec lequel il forme un duo plutôt convaincant.
De temps à
autre, on retiendra tout de même quelques belles idées : voir cette scène
où, pour faire table rase de leur dettes, les deux amants s’entaillent afin de
scanner un à un leurs organes mécaniques – belle métaphore du sentiment
amoureux, synonyme de mise à nu physique et psychologique. Mais il ne s’agit là
que d’éclairs d’inventivité isolés, qui surnagent dans un océan de direction
artistique approximative et de violence complaisante. Une bonne idée saccagée par une mise en scène aux abonnés absents. Une de plus.