Joker : Casino pasaran!
Dans la première scène de Joker, Jason Statham se prend une belle dérouillée par le chétif Max Casella, lequel ne manque pas de l'insulter copieusement. Tout
ceci se révèle plus tard n’être qu’une mise en scène (évidemment) mais l’astuce
est assez parlante. Le Britannique aurait-il donc accepté bon gré mal gré le
rôle de successeur légitime de Bruce Willis qui est le sien et mis de l’eau
dans son vin, ou du moins de la comédie dans ses films d’action ? Peut-être
bien.
On tient en tout cas avec Joker
un bon spécimen de « stathamerie » réussie et rigolote. Les éléments
habituels constitutifs du cocktail du rape
and revenge répondent tous à l’appel mais ils sont là distillés avec
une saveur et une ironie bienvenues. Sans doute faut-il y voir l’influence du scénariste
William Goldman (Butch Cassidy et le Kid,
Les Hommes du Président, Les Pleins Pouvoirs), rompu à l’exercice, plus que
celle de Simon West (Les Ailes de l’Enfer,
Expendables 2), qui emballe le tout avec son habituelle transparence, singeant
ça et là des maniérismes piqués à quelque réalisateur un poil plus inspiré –
les ralentis et bullet time à tout va.
L’ex-Transporteur y est, lui, comme
toujours – imperturbable, imbattable et incorruptible – mais ce sont ces camarades
de jeu, plus recommandables qu’à l’accoutumée qui apportent du charme de la
bobine : ici, les seconds rôles s’appellent Michael Angarano (Piégée), Jason Alexander (Seinfeld), Anne Heche (Donnie Brasco) et surtout Stanley Tucci
et Milo Ventimiglia, tous deux impeccables en un improbable duo/duel de
gangsters made in Nevada. Autant de
raisons qui font le charme presque suranné de ce Joker, série B rondement menée qui a le bon goût de ne pas s’éterniser
– une petite heure et demie de métrage. Le meilleur Statham depuis longtemps.
Joker (Wild Card), Simon West, 2014. Avec : Jason Statham, Stanley Tucci, Milo Ventimiglia, Sofia Vergara, Anne Heche.