Wild : La route est droite mais la pente est forte
Il y a un an, Matthew McConaughey remportait pour Dallas Buyers Club un Oscar du meilleur
acteur pas volé pour son interprétation de cow-boy séropositif. On voit donc
assez bien ce qui a motivé Reese Witherspoon, comme McConaughey star sur la
pente ascendante (Mud, justement aux
côtés de McCo, The Good Lie) à aller
chercher Jean-Marc Vallée pour
remporter sa potentielle deuxième statuette dorée (après Walk the Line), avec un rôle qui ne devrait pas laisser l’Académie
indifférente : celui de Cheryl Strayed, ex-alcoolique/toxicomane/mauvaise épouse
bien décidée à se repentir en parcourant les 4000 kilomètres qui composent le
Pacific Crest Trail, qui va du Mexique au Canada. Pourtant, passée la bonne
surprise de voir Witherspoon jouer un rôle plus « naturel » qu’à l’accoutumée
(sauf quand on lui rajoute des fausses cernes), rien ou presque ne fonctionne
dans Wild.
Ce qui était encore délicat dans Dallas Buyers Club pèse ici trois tonnes, tout est martelé : les addictions de Cheryl, sa relation fusionnelle avec une mère partie trop tôt (interprétée par Laura Dern, qui s’en tire plutôt bien). Ça, c’est quand on ne doit pas subir des métaphores d’un goût douteux : par le jeu du montage, sont mis en parallèles les séances de sexe bestial de Cheryl avec des inconnus et les chutes qu’elle fait lorsqu’elle parcourt sa longue marche – bonjour la subtilité. Pour Jean-Marc Vallée comme pour Nick Hornby (ici scénariste), c’est un énorme pas en arrière : on peine à retrouver les sensibilités du réalisateur de C.R.A.Z.Y et de l’auteur de High Fidelity, bien que Wild possède ce côté élégie pop qui caractérise l’œuvre des deux hommes. Pour le reste, c’est raté : les dialogues sont insignifiants, le discours para-new age sur les bienfaits de la nature, censé être édifiant, arrive beaucoup trop tard pour convaincre et les seconds rôles, quasiment interchangeables, ne parviennent à échapper à l’angélisme. Preuve de plus que l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions.
Ce qui était encore délicat dans Dallas Buyers Club pèse ici trois tonnes, tout est martelé : les addictions de Cheryl, sa relation fusionnelle avec une mère partie trop tôt (interprétée par Laura Dern, qui s’en tire plutôt bien). Ça, c’est quand on ne doit pas subir des métaphores d’un goût douteux : par le jeu du montage, sont mis en parallèles les séances de sexe bestial de Cheryl avec des inconnus et les chutes qu’elle fait lorsqu’elle parcourt sa longue marche – bonjour la subtilité. Pour Jean-Marc Vallée comme pour Nick Hornby (ici scénariste), c’est un énorme pas en arrière : on peine à retrouver les sensibilités du réalisateur de C.R.A.Z.Y et de l’auteur de High Fidelity, bien que Wild possède ce côté élégie pop qui caractérise l’œuvre des deux hommes. Pour le reste, c’est raté : les dialogues sont insignifiants, le discours para-new age sur les bienfaits de la nature, censé être édifiant, arrive beaucoup trop tard pour convaincre et les seconds rôles, quasiment interchangeables, ne parviennent à échapper à l’angélisme. Preuve de plus que l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions.
Wild, Jean-Marc Vallée, 2014. Avec : Reese Witherspoon, Laura Dern, Thomas Sadoski, Gaby Hoffman, Brian Van Holt.