Mélodie pour un meurtre : La blonde contre-attaque
C’est à ce qui est un sous-genre tout entier du cinéma
américain qu’appartient Mélodie pour
un meurtre : le film de « blonde létale », qui trouve ses
racines jusque dans Sueurs froides
et qui acheva de trouver une certaine forme de reconnaissance, du moins de la
part du public, avec Basic Instinct. Ici, c’est donc à Frank Keller (Al Pacino), inspecteur
new-yorkais délavé et pas comme les autres (ou plutôt si, justement :
comme beaucoup d’autres flics de films du même type) de démêler les ficelles
d’une affaire de tueur en série et d’enquêter sur une jolie femme (interprétée
par Ellen Barkin, ça aide) aux motivations troubles, et aux charmes de laquelle
il aura évidemment bien du mal à résister… L’histoire, plutôt classique, est
surtout le prétexte idéal aux maniérismes de Pacino : il minaude, ronronne,
s’embrase et monte sur ses grands chevaux pour mieux redescendre et adopter un
calme olympien la seconde d’après.
Autrement dit : c’est (encore une fois)
un épisode de l’Al Pacino Show. Mais
ça fonctionne. Pour ceux qui aiment en tout cas : on admettra sans mal que
ce genre d’interprétation, parfois à la lisière du surjeu et du forcé, ne
plaise pas à tout le monde. Reste que c’est Pacino lui-même qui a contribué à populariser ce type de jeu. Preuve que
rien n’arrive par hasard, c’est justement pour l’un de ses rôles les plus
grandiloquents (Tony Montana dans Scarface)
qu’il est encore reconnu aujourd’hui. Au détriment, peut-être, de rôles dans
des films plus nuancés (et plus réussis), comme Glengarry ou L’Impasse. Qu’importe.
Pour notre part, une chose est sûre : on achète sans s’en cacher. Autour
de l’éternel Michael Corleone s’articule par ailleurs une intrigue classique
mais solide, correctement menée, servie par des second rôles comme on les aime
(John Goodman, Michael Rooker) et à la conclusion pas trop boiteuse, quoique
tout de même un peu capillotractée. Si l’on était méchant, on appellerait ça du
cinéma du dimanche soir – mais on ne cédera évidemment pas à cette
tentation-là. Un ramage de bon aloi pour un plumage assez plaisant : merci
bien, repassez quand vous voulez.
Mélodie pour un meurtre (Sea of Love), Harold Becker, 1989. Avec : Al Pacino, Ellen Barkin, John Goodman, Michael Rooker, Richard Jenkins.
Mélodie pour un meurtre (Sea of Love), Harold Becker, 1989. Avec : Al Pacino, Ellen Barkin, John Goodman, Michael Rooker, Richard Jenkins.