Enragés : Chiens battus

 
Après Nuit Blanche, Colt 45 ou plus récemment Anti-Gang, Enragés est une nouvelle tentative de produire du film d’action « à l’américaine » en y insérant des particularités bien de chez nous. Enfin, quand on dit bien de chez nous : le script est basé sur celui de Cani Arrabbiati, de l’Italien Mario Bava (dont le film Les Trois Visages de la Peur avait aussi inspiré Tarantino pour Pulp Fiction, mais ça n’a rien à voir) tandis que les principaux défauts du film (des clichés usés jusqu’à la corde) comme certaines de ses qualités (un certain sens du découpage, de l’outrance parfaitement assumée aussi) sont repris en bloc du ciné US.
 
Du coup, à part l’interprétation (par ailleurs inégale), on se demande un peu ce qui fait vraiment couleur locale… Plus que tout le reste en fait, les décors du film en symbolisent le paradoxe : si elle a été tournée au Canada et dans ses paysages uniques, l’histoire est malgré tout censée se dérouler dans nos contrées. Un artifice qui se justifie vraisemblablement par une volonté d’installer une ambiance particulière (à vue de nez, entre le western et Twin Peaks), mais qui tombe souvent à plat. On apprécie les références affichées malgré tout, tout comme les réalisateurs qui sont ici convoqués : certains des grands esthètes de la violence des années 70-80 comme Sam Peckinpah, Walter Hill ou Michael Mann. Là encore, le film peine à dépasser le stade de l’hommage brouillon. C’est dommage, mais ce n’est que partie remise : s’il n’est pas le grand film d’action siglé « qualité française » qu’il rêvait d’être, Enragés pave vraisemblablement la voie à celui qui sera appelé à porter ce titre. On retiendra néanmoins Lambert Wilson, brillant comme toujours.

Enragés, Eric Hannezo, 2015. Avec : Lambert Wilson, Guillaume Gouix, Virginie Ledoyen, Franck Gastambide, François Arnaud.

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