The Visit : Vacances, j'oublie tout


 
On le disait fini, blacklisté, ostracisé, obligé de revenir par la petite porte et de se plier aux tendances du moment pour espérer tourner. Ce constat est sans doute vrai, mais la réussite, mineure mais réelle, de The Visit est telle que l’on ne peut que se réjouir de retrouver un M. Night Shyamalan en forme olympique. Désormais hébergé chez Blumhouse (la maison du producteur-comptable Jason Blum, déjà derrière Paranormal Activity et American Nightmare), Shyamalan livre – en apparence – un petit film, loin de la grandiloquence, voire le pompiérisme, qui caractérisait pour la plupart ses ouvrages jusqu’ici.
 
Que l’on ne s’y méprenne pas pour autant : l’artificier a toujours plus d’un tour dans sa besace. Le found-footage, tellement usité qu’il en devient anodin, est par exemple ici un véritable moyen de recherche narrative et visuelle, et remet la volonté de cinéma au centre du film – voir ces scènes amusantes où un frère et une sœur se disputent sur la direction à donner au montage ou celles où le moindre contrôleur de train s’improvise comédien, imposante tirade à l’appui. Même le plot twist final, passage obligé du genre et talon d’Achille du cinéaste (à tel point qu’on l’affubla parfois du surnom peu flatteur de « one-trick pony ») est ici plutôt bien amené et se révèle finalement plutôt comme l’aboutissement d’une série de points et contrepoints amusants.
 
Plus drôle et mieux ficelé que bien des représentants de son genre, bourré de fausse pistes narratives réjouissantes, The Visit est un retour gagnant pour Shyamalan, que l’on espère voir continuer sur une telle lancée, loin des coquilles vides à l’After Earth et Le Dernier Maître de l’Air. Visiblement revigoré par ce relatif ascétisme, ce dernier ajoute même une nouvelle flèche à son arc : l’ironie.

The Visit, M. Night Shyamalan, 2015. Avec : Ed Oxenbould, Olivia DeJonge, Kathryn Hahn, Deanna Dunagan, Peter McRobbie. 

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