Insaisissables 2 : Les magiciens osent...

 
... Tout, et c'est même à ça qu'on les reconnaît ! Au fait, où en étions-nous ? Ah oui, voilà : sorti en 2013, Insaisissables, film de braquage mené par des magiciens, avait rencontré un joli succès. Commercial, s’entend, parce que côté créatif, on tenait quand même là le film d’action le plus anodin qui soit. Le succès induit forcément une séquelle, mais le problème, c’est que les scénaristes eux-mêmes sentent qu’ils n’ont pas grand-chose à raconter. Du coup, comme dans d’autres suites inutiles (au hasard, Men in Black 3), on gonfle artificiellement l’ensemble en y ajoutant une « mythologie » : en plus des gentils (les Quatre Cavaliers) et des méchants (le FBI), il y a une société secrète de magiciens qui observe tout, L’Œil, des amitiés secrètes – et même le frère jumeau d’un des Cavaliers, tiens.
 
Suivant une inversion des valeurs classique depuis Terminator 2 (et déjà reprise dans Ocean’s 12), les chasseurs deviennent proie, et le gang de braqueurs obligés de jouer les larbins pour un fils à papa joué par un Dan Radcliffe ici plus Malefoy que Potter. Pour le reste, la magie, et plus particulièrement l’hypnose, excusent tout, même les rebondissements les plus tirés par les cheveux et les plus grossiers. Tout cela serait parfaitement recommandable si les scénaristes ne se sentaient pas obligés de suivre la formule imposée par le premier film, a savoir nous sortir de leur chapeau un lapin incongru, qui vient renverser le château de cartes (de tarot) mis en place jusqu’ici, et déjà bancal.

Quelques nouveautés, quand même, qui fournissent un minimum de sang neuf : la nouvelle Cavalière est jouée par l’excellente Lizzy Caplan (Masters of Sex, L’Interview qui tue !), qui parvient à faire vivre plus que de raison son personnage décalé – même si on la fait se déshabiller un peu, juste pour être sûr. Quant à Jon M. Chu, le réalisateur, il se révèle bien plus doué que son prédécesseur, le nullissime Louis Leterrier, pour filmer acrobaties et duperies. Le bonhomme s’est fait la main sur des films de danse, et ça se voit. Que l’on se rassure néanmoins : derrière une modernité tape-à-l’œil (dans la musique ou le montage), il s’agit encore et toujours d’une histoire de père à tuer, thématique gluante dont peine à se décoller le moindre blockbuster récent – Star Wars VII, si tu nous lis… Suite au prochain épisode, pour le meilleur et pour le pire.

Insaisissables 2 (Now You See Me 2), Jon M. Chu, 2016. Avec : Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Lizzy Caplan, Morgan Freeman.

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