Instinct de survie : Life's a beach
Les amateurs de chair fraîche ne devraient pas manquer
d’être attirés par l’argument de départ de cet Instinct de survie (The
Shallows, c’est-à-dire les bas-fonds, en VO): la sculpturale Blake Lively, en
bikini, pendant 1 h 30. Mais que les rinceurs d’yeux soient avertis : à
peine la belle a-t-elle enfourché sa planche de surf qu’elle est entamée dans
sa peau par un requin apparemment increvable, qui semble avoir en permanence
plusieurs coups d’avance sur elle. A moins que la surpuissance de l’animal ne
représente en réalité le fatum de l’héroïne, la funeste destinée auquel elle ne
peut échapper. Car l’Histoire, on le sait, « ne se répète pas mais, pour
sûr, rime » (Mark Twain) : la plage qu’elle a choisi est justement
celle « de sa maman », décédée il y a peu après une longue
bataille contre le cancer.
C’est donc un récit de survie (voir le titre) qui s’ensuit. On
pense à 127 Heures voire à Seul sur Mars pour l’incongruité vaguement Angus
MacGyver des outils et techniques mis en œuvre – car ici, tout est bon pour
échapper au trépas. On songe aussi à l’excellent All is Lost, pour l’environnement
maritime et le thème plus largement abordé (la vanité de l’Homme/la Femme contre
une Nature intransigeante), même si J.C. Chandor n’avait besoin, ni de
dialogue, ni de requin pour livrer une puissante parabole sur le thème. Lui.
L’ensemble est divertissant, mais l’exercice (de style) reste un peu vain, et l’impression
de coup d’épée dans l’eau (de mer) n’est jamais loin. « Le requin a
toujours l’air aussi faux » nous disait déjà l’incorrigible Marty McFly à
la fin des années 80.
Au milieu de tout ça surnage (jeu de mots) néanmoins Blake
Lively, dans ce qui est son premier vrai rôle cinéma d’envergure, après une
série de seconds rôles sérieux (The Town) ou plus ouvertement comiques (Café Society). Pas de doute, celle-là a en elle de quoi se constituer une
filmographie exemplaire – on lui souhaite d’opter pour
des projets ambitieux ou de tomber sur un Pygmalion idéal le plus vite
possible. Car comme le disent justement les amateurs de chair fraîche :
c’est quand elle veut.
Instinct de survie (The Shallows), Jaume Collet-Serra, 2016. Avec : Blake Lively, un requin.