Les Sept mercenaires : Les Misters de l'ouest
Jolie surprise que ces Sept Mercenaires, dont on pouvait
craindre le pire, et ce pour au moins deux raisons. D’abord, parce qu’il s’agit
là du « remake d’un remake » (ou reremake ?), le western
originel étant lui-même dérivé des Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa. Une
nouvelle tendance gentiment effrayante d’Hollywood, pour qui rien n’est
décidément sacré. A l’heure où l’on écrit ces lignes, sont ainsi prévus une
refonte de la comédie 80s Le Plus Escroc des deux (avec
Michael Caine et Steve Martin et lui-même remake d’un film avec Brando et David Niven), ainsi qu’un Scarface 3.0 – on souhaite d’ailleurs bon courage au futur successeur
d’Al Pacino…
Ensuite parce que se trouve aux
commandes Antoine Fuqua, le réalisateur terriblement surcoté (et néanmoins très
demandé !) de Training Day et d’Equalizer. Bonne nouvelle : Fuqua signe avec cette
relecture l’un de ses meilleurs films. Sans doute du fait de la robustesse du
genre western et de ses éléments immuables : les grands espaces, les
petites gens opprimés, les odieux méchants et les cow-boys à la moralité pas toujours
irréprochable mais dotés d’un courage sans faille. De fait, si le film ne vient
en rien révolutionner ou renouveler le genre qu’il aborde, il emprunte – plus ou
moins subtilement – aux grands films qui le peuplent, de Django Unchained à La
Horde Sauvage, et parvient à convaincre. Du chef-d’œuvre de « Bloody »
Sam Peckinpah, il emprunte une certaine idée du western crépusculaire ;
les Sept du titre ont tous combattu dans les guerres américaines (Civile ou
indiennes) et incarnent finalement chacun une facette de cette violence dans
laquelle l’Amérique est née. Une thématique présente mais en simple toile de
fond, évidemment : on est quand même là pour faire des vannes et tout exploser.
Pourtant, divertissement bon
enfant et thématiques plus crépusculaires ne sont pas incompatibles ; dans
les années 70, Mon Nom est Personne, par exemple, faisait ça très bien… En
somme : un western-cheeseburger bien troussé que, malgré le sort funeste
de certains personnages, l’on ne serait pas étonné de voir déboucher sur une
suite – « l’original », lui, en avait connu trois.
Les Sept Mercenaires (The Magnificent Seven), Antoine Fuqua, 2016. Avec : Denzel Washington, Chris Pratt, Ethan Hawke, Vincent d'Onofrio, Haley Bennett.