La Montagne (entre nous), ça vous gave

Il y a 80 ans, l’immense Frank Capra faisait s’écraser dans des Horizons Perdus enneigés quatre Américains fuyant la guerre. Derrière la montagne se cachait pour eux Shangri-La, cité millénaire méconnue du monde, et dont la vie modeste à l’excès finissait par rendre fous les survivants Occidentaux corrompus par la compétition et la course au profit. Dans La Montagne entre nous, pas de pays de Cocagne mais toujours, néanmoins, l’idée développée in fine dans le film de Capra : la vraie Shangri-La, la véritable terre promise se tapit en chacun de nous, et n’est pas à concevoir en des termes géographiques mais plutôt philosophiques.
  
Un propos fort honorable qui en vaut bien un autre, malheureusement un peu gâché par l’exécution du film. C’est bien simple : ça ne décolle jamais vraiment. Contrairement à l’avion du film qui, lui, décolle avant de s’écraser. C’est mou du genou, un peu comme le personnage de Kate Winslet, après qu’elle s’est cassée la jambe. On pourrait aligner ce genre de comparaisons boiteuses (boiteuses comme… Non, bref) ad nauseam.
  
Et c’est bien dommage, car le film pouvait quand même capitaliser sur les deux interprètes de très grands talents que sont Idris Elba et Kate Winslet – même si l’alchimie entre eux deux ne convainc jamais entièrement – ici épaulés par les toujours fiables Beau Bridges (frère de Jeff) et Dermot Mulroney. L’aspect survivaliste des scènes de montagne est sans doute un peu trop light, jamais vraiment vertigineux – cela dit, un film comme le boursouflé The Revenant avait tendance à en faire inversement des caisses, et c’était à peine mieux. Quant aux séquences finales, qui suivent les personnages dans leur retour au bercail, elles ont au moins le mérite de faire tomber les masques : derrière le survival aventureux se cachait la plus conformiste des comédies romantiques.
 
La Montagne entre nous (The Mountain Between Us),  Hany Abu-Assad, 2017. Avec : Kate Winslet, Idris Elba, Beau Bridges, Dermot Mulroney, un beau labrador.

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