War on Everyone : Propre et sans bavures ?



 

Après L’Irlandais, portrait sans cynisme d’un flic bourru, idéologiquement très limite et finalement plus proche de chacun d’entre nous qu’on ne voudrait bien le penser, John Michael McDonagh poursuit son exploration des forces du désordre. Adieu l’Eire pluvieuse, bienvenue dans le Nouveau-Mexique et son apparence fantasmagorique : couleurs pastel, lumière abondante et diaphane, paysages rocheux. Buddy movie pas comme les autres, War on Everyone donne une idée assez précise de ce à quoi ressembleraient Starsky et Hutch s’ils prenaient des rails de coke avec Huggy les bons tuyaux. Les fuck abondent, les répliques cinglantes fusent, et la distribution est en forme olympique (mention spéciale à Alexander Skarsgard, jamais aussi bon que lorsqu’il joue les enfoirés vulnérables, comme dans l’excellente Big Little Lies) : on a ici affaire à une série B qui connaît ses classiques sur le bout des doigts, du western à Tarantino et les Coen, certes – mais une de fort bon aloi.
 
Frère aîné de Martin (qui vient de signer son chef-d’œuvre avec Three Billboards – Les Panneaux de la Vengeance), John Michael McDonagh partage avec son cadet une vision clair-obscure de l’Humanité et le goût consommé des ruptures de ton ; War on Everyone est un film où l’on peut voir un flic ripou discuter de Proudhon et Beauvoir au petit-déjeuner avec sa femme. Ou la nouvelle petite amie d’un autre poulet grillé parler d’un de ses ex, auteur d’une « monographie très respectée sur André Breton », avant de préciser que celui-ci (l’ex, pas Breton) avait une très belle bite. Surtout, l’humour nihiliste dans lequel baigne le film permet d’introduire son Grand Méchant Loup – la pédopornographie – sans que l’on sente poindre le virage dramatique. Un ennemi insidieux, indicible qui conduit le film à sa conclusion lapidaire : en lieu et place d’interminables gunfights qui sont la loi du genre, l’affrontement se termine sur une exécution sommaire qui vient comme un soulagement. Preuve que les solutions les plus simples sont souvent les meilleures. Après ça, les « deux flics un peu camés et cramés qui gagnent toujours à la fin » reprennent leur chemin sous les cieux islandais. Car pour ceux qui auraient des velléités ACAB, les Clash viennent le rappeler en générique de fin : « j’ai combattu la loi, et la loi a gagné ».

War on Everyone : Au-dessus des lois (War on Everyone), John Michael McDonagh, 2017. Avec : Alexander Skarsgard, Michael Pena, Tessa Thompson, Theo James, Malcolm Barrett.

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