Pacific Rim: Uprising, le bruit et la fureur


 
Pacific Rim premier du nom était une bizarrerie, une anomalie dans le paysage du blockbuster contemporain. Boursouflé et mièvre, tape-à-l’œil et creux, doté d’un final digne d’Armageddon, il contenait pourtant une denrée raréfiée dans les gros films de studios : la sincérité. Il y avait, derrière les affrontements primaires de robots géants et de gros lézards, une lettre d’amour franche et passionnée de Guillermo del Toro aux films de genre ayant bercé son enfance, de Godzilla à Aliens. Aussi, prendre l’univers bancal du premier film pour le confier à un presque-réalisateur anonyme pouvait laissait présager du pire. Et ce qui devait arriver arriva.
 
Ne prenons pas de gants – le film, après tout, n’en prend pas : Pacific Rim : Uprising est le plus gros navet à nous parvenir des fourneaux hollywoodiens depuis Justice League. Mais là où JL était un film malade, rapiécé à l’extrême, PRU est une entreprise parfaitement linéaire, l’exploitation prévisible et sans accroc d’une marque solide – la griffe del Toro, dont l’action a furieusement grimpé depuis le mois dernier – et qui semble contenter à peu près tous ceux qui l’ont fait. Qu’est-ce qui est le plus atroce, dans cette histoire ? Le scénario peut-être, qui vomit ses incohérences et ses rebondissements cousus de fil blanc avec une obstination qui force le respect. Ou les acteurs, tous plus insupportables les uns que les autres, qu’il s’agisse d’une bande d’ados tête à claques, du bien né Scott Eastwood (qui donne une nouvelle dimension au mot « parvenu ») ou de John Boyega, excellent quand il veut (voir Detroit), mais ici parfaitement à côté de ses pompes avec ses vannes dignes d’un recalé du Plus Grand Cabaret du Monde. Keira Knightley peut dormir tranquille : on a trouvé un accent anglais plus excessivement agaçant que le sien.
 
Pacific Rim : Uprising est un assaut permanent sur tous les sens, sauf le bon (sens). L’hypothèse la plus souhaitable est celle du vibrant hommage à l’œuvre de Roland Emmerich – pour le reste… C’est une histoire dite par des idiots, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien. Une catastrophe de taille, qui encapsule bien malgré elle tout ce qui cloche dans le cinéma de masse d’aujourd’hui : spectacle total, vacuité abyssale.
 
Pacific Rim : Uprising, Steven S. DeKnight, 2018. Avec : John Boyega, Scott Eastwood, Charlie Day, Burn Gorman, des gros robots bruyants.

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