Les Animaux numériques (et où se planquer)

 
De la magie d’Harry Potter, il n’en reste que les effets spéciaux.

A terme, le film est calibré de la même manière que toutes les autres productions hollywoodiennes. A base de multiples créatures numériques (à défaut d’être fantastiques), de destructions de décors à tout-va et tous les autres lieux communs du genre qui ne finissent pas nous laisser (lasser ?) de marbre quant aux enjeux des situations mises en scène. Pour exemple, le monstre final aurait pu être dans n’importe quel autre film du genre, cela aurait eu le même impact.

C’est pourtant bien dommage, tant les possibilités du monde tout droit sorti de la tête de J.K Rowling semblaient infinies. Pouvoir créer de toute pièce une nouvelle histoire bercée de magie et surtout libérée de son encombrant grand frère : Harry Potter. Voila de quoi réjouir des milliers de fans. Mais le résultat est hélas bien pâlot. Les acteurs rendent une copie très fade. Eddie Redmayne ne nous rafraîchit pas de son talent comme il avait pu le faire dans le biopic sur Stephen Hawking.

Serait-ce dû à la pauvreté d’écriture de son personnage ? Il se contente hausser les épaules et faire preuve d’un manque de réactions assez étonnant devant les situations ubuesques qu’il rencontre. Peut-être qu’il que lui non plus ne pensait pas qu’il aurait autant d’efforts à faire pour combler le vide scénaristique qui caractérise cet épisode. En effet, comme dans beaucoup de productions actuelles, le héros semble subir les évènements auxquels il assiste, spectateur, et va de péripéties en péripéties. Si vous me trouvez méchant, voici le déroulement du film résumé par votre serviteur. Le héros perd un animal dans une banque, cela crée la pagaille par hasard il rencontre des gens qui l’aident. Puis il part à la recherche d’un autre animal perdu, cela crée la pagaille, il tente de réparer les dégâts, se fait arrêter, se retrouve au milieu d’une pseudo-guerre humain-sorcier (merci pour le poncif) qu’il va finir par résoudre à grands coups de deus ex machina.

 
Mention spéciale tout de même à Dan Fogler pour son interprétation très juste, touchante et inattendu d’un petit moldu, candide devant tant de nouveautés.

Néanmoins le plaisir revient comme souvent à redécouvrir un New York des années 20 travesti par la magie. On retrouve le plaisir enfantin qu’on avait à voir les dessous du monde magique. Ici cela prend place notamment dans un bar jazzy ou un Empire State Building naissant qui va d’ailleurs subir de violents assauts. Serait-ce là, la vengeance des britanniques pour avoir vu leur Big Ben détruit des milliers de fois ? Mystère.

J.K. Rowling ne perd pas pour autant sa touche incisive qu’elle arrive encore à distiller par moment grâce à d’habiles métaphores ; des elfes de maison qui cirent des baguettes pour les sorciers blancs, une chaise magique pour une peine capitale, etc. Il en va même de son acte politique avec une femme Noire à la tête de la présidence du monde magique. Mais cela demeure des détails dans une production proprette adaptée pour le grand divertissement avec une magie disparue…
  
Les Animaux fantastiques (Fantastic Beasts and Where to Find Them), David Yates, 2016. Avec : Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Alison Sudol, Dan Fogler, Carmen Ejogo.

L'auteur de cet article est Thibault Counali. Il est développeur et sacrément fainéant, mais a un cœur d'or. 
  
Et pour liker, commenter, s'insurger, l'aventure se poursuit par ici : Sitcom à la Maison !
 

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