Pour ou contre, Thor : Love and Thunder ? Face A : L'amour rend marteau !
« Les
enfants, sortez le popcorn ! Et laissez-moi vous comptez l’histoire du Viking
de l’espace ! » Une fois le prologue passé, le film nous dit
clairement ce qu’il va nous proposer : un conte de l’espace, certes, mais une histoire
pour les enfants, petits et grands. Autant être honnête : je dois être
l’un des deux êtres humains sur Terre qui a passé un bon moment devant ce
quatrième Thor, moi qui ne suis pas un grand fan des films de
supers actuels. Et je n’ai même plus besoin de taper sur DC : ils se
censurent tout seuls comme des grands.
Ils vécurent heureux...
Pour
commencer j’ai beaucoup ri. Le film est clairement une comédie qui joue avec
les codes de la comédie romantique de manière absurde et assez peu subtile.
Mais la subtilité, est-ce vraiment ce qu’on attend de Thor, ce Dieu si
puissant, issu de la vénérable mythologie nordique ? On a déjà eu
l’occasion de le voir dépeint avec le plus grand sérieux dans les deux premiers
volets. À savoir, gueuler pour quémander une bonne pinte, à beugler son besoin
de gloire et ses prétentions au trône et retirer du sol son outil de puissance
phallique Excalibur Mjöllnir, le tout face à la pauvre Natalie Portman.
Pour ma part, non merci. J’étais bien heureux de voir Thor : Ragnarok, qui entamait déjà le processus salvateur d’autodérision du personnage. Et Love and Thunder n’est que la continuation logique de cette mue. Ici, on vient rigoler des histoires de cœur, finalement pas si drôles, du pauvre héros. Qui, malgré tous ses muscles, semble bien décontenancé devant le retour de son ex. Il y a de nombreuses références ici et là, notamment à Jean-Claude, notre maître à tous. Thor se dispute avec ses armes, son ex et l’actuelle. C’est habile et cela illustre bien la vacuité de ce Dieu qui, bien que pur, n’en reste pas moins une machine de guerre qui se bat avec quiconque ne va pas dans son sens (RIP Zeus). Et on rigole beaucoup en dépit des événements tragiques du récit, comme dans Ragnarok, qui montrait la chute d’un royaume. Ce qui arrive à Thor n’est pas marrant : il retrouve une Jane atteinte d’un cancer tandis que les Gardiens de la Galaxie, ses « meilleurs amis »… ne veulent pas spécialement de lui.
... et eurent beaucoup d'enfants
Certes, le méchant joué par Christian Bale, qui s’amuse comme un petit fou, ne nous fait jamais vraiment sentir en danger. Il campe un grand méchant croque-mitaine qui fait littéralement peur aux enfants. Que ce soit par le ton du film ou son déroulé, on sait que les héros finiront heureux et avec beaucoup d’enfants (mais pas forcément les leurs.) Pour autant, il fait le job et n’en est pas moins crédible que beaucoup d’autres antagonistes se voulant plus sérieux, à l’exception peut-être de Thanos, et amène de beaux affrontements.
J’ai par
ailleurs trouvé le film assez beau et cohérent dans son esthétique. Certaines
scènes sont marquantes comme le combat sur la planète de Gorr, tout en noir et
blanc, la ville-panthéon et ses multiples couleurs radieuses. Qui se couplent
étrangement bien avec des passages néon-rétro-punk, quelque part entre Mad Max,
l’esthétique punk et les années 80. Et le pire, c’est que ça marche. Et les
enjeux du film sont relativement simples : que Thor retrouve son mojo (Lady,
Hear Me Tonight ?) et trouve enfin la famille qu’il cherchait. Guère plus, guère
moins. Ça n’en fait sans doute pas un grand film mais une comédie plus
qu’honnête avec ce qu’il faut d’action.
Les sacro-saints enjeux
C’est ce qui constitue mon principal problème avec les films Marvel en général. Leurs enjeux me laissent de marbre car on ne prend pas le temps de les installer ou de les traiter en profondeur. Pour schématiser : dans deux minutes l’univers va exploser, branle-bas de combat, le héros casse la figure au vilain méchant puis fin heureuse. Ici, on cherche des enfants perdus. On comprend rapidement que Thor les cherche car il s’est fourvoyé dans son chemin de héros et d’homme en quête de famille. La quête lui fait prendre conscience de ce dont il a besoin pour avoir une famille, les sacrifices nécessaire et… c’est tout. Rien de plus. On ne se prend pas de haut et ça fait du bien.
Le film s’est fait basher par pas mal de Marvel Boys, ce qui n’est rien de moins qu’ironique. À les entendre, le ton serait trop humoristique, pas assez sérieux. Tout le problème du MCU, pourtant, réside là-dedans : beaucoup de ses fans se prennent beaucoup trop au sérieux en nous disant que tel héros est censé être plus fort qu’un autre, ou que, grâce à telle armure, Iron Man aurait dû battre untel… Que le MCU se garde bien de se prendre trop au sérieux : un peu d’humour potache et absurde ne fait jamais de mal. Non pas que le genre super-héroïque ne se prête pas à un traitement plus grave (voir The Dark Night ou Watchmen), mais plutôt que des films de divertissement assumés comme tels ne devraient pas se prendre pour ce qu’ils ne sont pas : de grands films.
L'auteur de cet article est Thibault Counali. Il porte des poids très lourds en développé-couché et assume un plaisir même pas coupable pour l'œuvre de Steven Seagal .