Francisca, la fin de leur monde
Héros de ce film de Manoel de
Oliveira, le portugais Camilo Castelo Branco est l’équivalent en son pays d’un Balzac
ou d’un Proust. Si son œuvre n’a presque jamais été traduit chez nous, on a pu l’entrapercevoir
dans Mystères de Lisbonne, magnifique adaptation par Raoul Ruiz d’un
roman-fleuve de Castelo Branco.
Nous sommes dans les années 1850.
La noblesse ne le sait pas encore mais elle vit alors son crépuscule. En plein
milieu des bouleversements sociétaux, Camilo Castelo Branco et son ami José
Augusto Pinto de Magalhães se disputeront les faveurs de la belle Fanny Owen,
dite Francisca. Empreints d’un romantisme (Lord Byron en tête) qui a déjà fait
long feu, les deux hommes n’anticiperont pas l’engloutissement du vieux monde
qui emportera tout sur son passage, eux y compris. En comparaison, comme les sentiments
de ce petit monde en vase clos paraîtront vains…
À l’instar d’un Peter Greenaway, Manoel
de Oliveira est de ces cinéastes dont les influences sont à chercher davantage du
côté de la peinture que du cinéma lui-même. La mise en scène de Francisca
est à cette image : dans de somptueux décors fixes interagissent des
personnages statiques qui s’expriment volontiers par apophtegmes. Cela crée une
étrange distance, nébuleuse, qui accentue étrangement le côté compassé du récit
– et de cette belle œuvre sur la grandeur et décadence de la haute société, à
ranger entre Le Guépard et Le Salon de musique.
Francisca, Manoel de Oliveira, 1981. Avec : Teresa Menezes, Diogo Doria, Mario Barroso.
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