House, à l'ombre des jeunes filles en peur

 


Elles ne commençaient pourtant pas si mal, ces vacances estivales… C’est vrai, quoi : aller passer l’été dans une maison isolée à la campagne est toujours une bonne idée quand on est un groupe de jeunes filles en fleur. Elles ignoraient que plusieurs d’entre elles ne reviendraient pas vivantes ; vous et moi, qui avons vu La colline a des yeux et Evil Dead, nous en doutions un peu…

Si filiation il y a entre House et les films de Craven ou Raimi, elle a néanmoins eu lieu dans l’autre sens, puisque cette étrangeté du méconnu Nobuhiko Ōbayashi date de 1977. L’horreur, ici, vient d’ailleurs moins d’un terrifiant extérieur que d’un intérieur anxiogène. Comme chez Edgar Allan Poe et son Cœur révélateur, l’épouvante est essentiellement domestique, et est avant tout la manifestation concrète d’un trauma, personnel ou sociétal – ici la Seconde guerre mondiale et Hiroshima.

Par certains aspects, House tient également du conte : les sept jeunes filles portent des surnoms équivoques (Kung-Fu, Mélodie, Belle…) comme jadis les nains de Blanche-Neige, un chat doté de pouvoirs évoque irrésistiblement celui d’Alice au pays des merveilles, tandis que l’ombre de la marâtre, de la « mauvaise mère » de substitution plane sur le récit… Ōbayashi s’amuse même à subvertir la figure du prince charmant : celui-ci reste coincé dans les bouchons juché sur son buggy, boit des coups au bar et arrive, in fine, après la bataille, alors que la plupart de ces demoiselles en détresse ont déjà été sacrifiées !

La vision de ces contes (et leurs dénouements souvent tragiques) comme métaphore du passage à l’âge adulte est désormais connue ; les mutations physiques connues par les princesses peuvent ainsi aisément être lue à l’aune des troubles adolescents. House contient lui aussi cette double lecture, à la fois conte et commentaire sur celui-ci. Au-delà de l’atmosphère gentiment kitsch et des effets spéciaux surannés, c’est bien là que se situe le cœur de cette pépite retrouvée.

House (Hausu), Nobuhiko Ôbayashi, 1977. Avec : Kimiko Ikegami, Ai Matsubara, Saho Sasazawa, Miki Jinbo, Kumiko Ohba.

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