Les Avantages de voyager en train, terminus graveleux
Si un jour, votre maman vous a recommandé de ne pas parler aux inconnus, c’est sans doute pour une bonne raison. Ce conseil, Helga Pato aurait peut-être mieux fait de l’écouter, tant ce que son voisin de rame lui raconte la fera plonger dans des abîmes d’horreur humaine.
Il y a tout, ou presque, dans ces Avantages de voyager en train : des maris coprophiles, des trafics d’enfants commis pendant la guerre au Kosovo, des épouses que l’on force à vivre comme des chiennes, des conspirations menés par des éboueurs… Pour faire tenir tout cet atroce monde-là dans son petit théâtre de la cruauté, Aritz Moreno (dont c’est le premier long-métrage, adapté d’un roman espagnol du début des années 2000) tire parti de la forme du film à sketches, et même des poupées russes, puisque chaque récit en recèle un autre. Mais à faire s’enchaîner ainsi de tels saynètes, le cinéaste fait cohabiter le brillant (Luis Tosar vole toutes les scènes dans lesquelles il apparaît) et le poussif.
Surtout, tel un cousin ibérique d’un Ruben Östlund, on sent Aritz Moreno animé d’un désir un peu vain de choquer à tout prix le (petit-)bourgeois, à grands renforts d’humour scato et de retournements un peu cheap. Que tout cela – en mieux – ait déjà été fait il y a belle lurette par Marco Ferreri ou Luis Buñuel ne semble hélas pas traverser l’esprit du réalisateur. Reste l’idée, donc, qu’il s’agit d’une toute première fois et que Moreno en a sans doute encore sous la pédale – après tout, même Ferreri ne s’est pas fait en un film... On a hâte. Un peu.
Les Avantages de voyager en train (Ventajas de viajar en tren), Aritz Moreno, 2019. Avec : Luis Tosar, Pilar Castro, Ernesto Altiero, Quim Gutiérrez, Belén Cuesta.
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