Coup de chance, crimes et délitements

 


« I love Paris in the springtime, I love Paris in the fall I love Paris in the winter when it drizzles, I love Paris in the summer when it sizzles » écrivait en 1953 l’immense Cole Porter. Ces mots, le fou de jazz qu’est Woody Allen pourrait les faire siens. Sans aucun doute, Allen aime Paris. Mais la Ville Lumière le lui rend-elle si bien ? On se pose sincèrement la question devant Coup de chance, premier long-métrage de l’increvable Manhattanite tourné intégralement en français, après l’escapade surannée et bien nommée Minuit à Paris. Bien sûr, cet exil outre-Atlantique, Woody le doit aussi à des contingences bien précises ; mis au ban par cette « cancel culture » qu’il honnit, le cinéaste doit bien tourner ailleurs…

Coup de chance, c’est Match Point rejoué en plus boulevardier, comme une version vicelarde de ces pièces incarnées jadis par Jean Le Poulain ou Jacqueline Maillan, avec la panoplie habituelle du genre – épouse lasse, mari jaloux, amant dans le placard, comique grossier. Un comble pour l'auteur de Stardust Memories ou d'Alice... L’interprétation du film est foncièrement inégale : Lou de Laâge et Niels Schneider sont crédibles en radieux petit couple, en Ken et Barbie du Triangle d’or parisien, mais Melvil Poupaud est à côté de ses pompes en époux possessif et criminel. Comme s’il cherchait sciemment à pasticher son récent rôle dans L’amour les forêts... Presque étonnamment, c’est Valérie Lemercier qui tire le mieux ses marrons du feu en belle-mère revêche et lectrice de Georges Simenon, première à chercher la petite bête et à mettre en branle l’enquête. Son rôle, qui aide Coup de chance à décoller un peu des pâquerettes du vaudeville, rappelle celui de Diane Keaton dans Meurtre mystérieux à Manhattan, datant de 1993 – période autrement plus fertile de la geste allenienne.

Coup de chance, Woody Allen, 2023. Avec : Lou de Laâge, Niels Schneider, Melvil Poupaud, Valérie Lemercier, Anne Loiret.

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