Girlfriend's Day, dites-le avec des heurts
Drôle d’objet que ce Girlfriend’s Day. Dans son concept déjà, intrigue de film noir – façon Chinatown ou L.A. Confidential, pour ne citer que les plus éclatants – transposée dans le monde… des cartes de vœux. Oui, oui, des cartes de vœux, milieu qui est, on l’apprend, très compétitif et très codifié, avec ses concepteurs-rédacteurs de choc, son marché oligopolistique et ses manigances pour mettre la main sur le marché des nouvelles célébrations bidons qui pullulent tant et tant, comme l’hypothétique « Journée de la petite amie » qui donne son titre au film.
Ce pitch, foutraque et capillotracté, ce pourrait être celui d’un sketch du Saturday Night Live ou, mieux encore, de Mr. Show, le show, donc, méconnu et génial où Bob Odenkirk – ici premier rôle et co-scénariste – fit ses armes avant de devenir une figure bien connue de la petite lucarne grâce à sa prodigieuse interprétation dans Breaking Bad et Better Call Saul. Les fabricants du film en semblent eux-mêmes presque conscients, n’étirant pas le métrage jusqu’à la durée d’un réel « film de cinéma » – on est sur Netflix, d’où les guillemets – et préférant arrêter les frais au bout de 70 petites minutes. Paraît que les meilleures blagues sont souvent les plus courtes…
Etonnant aussi, le nombre de professionnels somme toute talentueux qu’Odenkirk et le cinéaste Michael Paul Stephenson ont convaincu de participer à ce hapax, même fugacement : le vénérable Stacy Keach en inflexible patriarche, la vamp Natasha Lyonne en veuve semi-éplorée et un certain… David Lynch en narrateur nous présentant les tenants et les aboutissants de l’industrie de la carte de vœux ! Une galerie hétéroclite qui achève de faire de Girlfriend’s Day un film à l’atmosphère assez unique : pas déplaisant certes, voire un peu attachant, mais aussi et surtout bien trop brouillon – ce qui, pour un film consacré à un type qui écrit des cartes de vœux, ne manque quand même pas d’ironie.
Girlfriend's Day, Michael Paul Stephenson, 2017. Avec : Bob Odenkirk, Amber Tamblyn, Alex Karpovsky, June Diane Raphael, Andy Richter.