L'homme au pistolet dort : comment James Bond pourrait rattraper ses concurrents au box-office




Lancée en juin dernier, la rumeur n’aura pas vraiment fait de remous : les producteurs de la saga James Bond auraient été diagnostiqués d’une « fièvre du multivers » et envisageraient de suivre la tendance actuelle en proposant, en plus des films du canon « classique », des spin-offs et des suites. Si on en a aussi peu parlé, c’est probablement parce que l’annonce n’a pas été confirmée par les producteurs eux-mêmes (mais pas infirmée non plus), mais aussi et peut-être surtout car elle ne prend absolument personne par surprise. Au contraire : aujourd’hui, il s’agit quasiment d’une hérésie pour un gros studio de ne pas tirer jusqu’à plus soif sur les pies de ses vaches à lait. On s’est donc mis à la fan fiction pour imaginer à quoi pourrait ressembler le futur univers étendu du plus inoxydable des espions de cinéma.
 
Un reboot survitaminé

 
Le plus évident et le plus certain des projets à venir, puisque la 007ème relecture de l’espion anglais est à peu près aussi inévitable que la mort et les impôts. Comme toujours, il faudra s’attendre à voir JB s’inscrire dans un nouveau paradigme (celui du monde réel), s’inspirer des nouvelles tendances (celles qui rapportent de l’argent à ses petits camarades) et, évidemment, caster un nouvel acteur pour enfiler le costume le plus désiré du monde.
 
Depuis des années, de nombreux noms, plus ou moins fantaisistes, circulent – et le moins qu’on puisse, c’est que c’est mal barré pour certains. Ceux qui sont trop vieux (Clive Owen, Jason Statham), trop occupés (Tom Hardy, Henry Cavill, Michael Fassbender), trop noirs (John Boyega, Idris Elba) ou trop…féminins (Emilia Clarke, Gillian Anderson). Des motifs de refus qui sonnent affreusement conservateurs, mais c’est aussi ce que sont les producteurs, conservateurs – on ne devient pas la saga la plus longue de l’Histoire en prenant des risques inconsidérés… Parmi ceux dont le profil et la disponibilité colle avec le job, citons Jamie Dornan (bientôt détaché de ses liens avec la saga Cinquante nuances de Grey) ou Aidan Turner, vu dans la trilogie du Hobbit.
 
Nous, on verrait bien Richard Madden, connu pour son rôle dans Game of Thrones et bon aussi au ciné, comme dans la récente relecture de Cendrillon. Doté d’un physique plus proche d’un Pierce Brosnan que d’un Daniel Craig, il serait un profil idéal si les producteurs décident de maintenir le cap entamé avec Skyfall et Spectre, qui s’éloignaient de l’aspect plus réaliste des deux premiers films de Craig pour revenir vers un JB à l’ancienne. On peut même imaginer que Ralph Fiennes et Naomie Harris rempilent pour quelques films encore, comme le veut la tradition pour les rôles de M et Moneypenny.
 
Une Moneypenny badass
 

Absente de Casino Royale et Quantum of Solace, Miss Moneypenny faisait un retour fracassant dans Skyfall, dans laquelle elle n’avait rien à envier à Bond rayon clés de bras et bottage de culs. Les temps ont changé : Moneypenny n’est plus une simple secrétaire mais bel et bien un agent de terrain qui joue d’égal à égal avec ses collègues masculins. Adieu, joug du patriarcat ! Un avancement féministe qui sera de courte durée, puisque dès Spectre, Eve (eh oui, elle a enfin eu le droit à un prénom) retournera travailler dans un bureau en tant qu’assistante de M.
 
Si la succulente Naomie Harris devait effectivement rempiler en tant qu’Eve après le départ de Daniel Craig, pourquoi ne pas en faire de nouveau un agent de terrain, et même lui donner l’occasion de briller par elle-même dans son propre film ? La proposition n’est pas si improbable que ça : en mai dernier, un comic book mettait en scène la plus badass des secrétaires dans une aventure où elle se passait très bien de James Bond. Et les récents succès d’Atomic Blonde et Red Sparrow ont montré que le public était semble-t-il friand de films d’actions portés par des personnages féminins. On espère simplement ne plus avoir affaire à la polémique complètement crétine lié au fait que Moneypenny est désormais interprétée par une actrice noire. On en est encore là en 2017. Oui, apparemment.
 
Un Felix Leiter tout seul comme un grand

 
Qui cherche en James Bond LA référence actuelle du film d’espionnage regarde au mauvais endroit. Car ce sont bel et bien Matthew Vaughn et ses Kingsman qui sont venus donner un bon coup de pied dans la fourmilière assoupie du genre, avec un excellent premier volet et un deuxième assez décevant. L’une des principales idées de ce numéro 2 n’a probablement pas fini de porter ses fruits au box-office : mettre au centre de l’action les homologues ricains des Anglais de Kingsman, les Statesman – et ainsi jouer avec les clichés généralement associés au deux pays.
 
Pourquoi ne pas faire la même chose pour James Bond ? Après tout, les scénaristes n’auraient pas à aller chercher bien loin puisque, depuis ses débuts, Bond a un allié transatlantique en la personne de Felix Leiter, agent de la CIA qui le seconde régulièrement dans ses missions internationales. Et contrairement à Bond, Leiter n’a pas d’âge ou d’apparence physique clairement définie : dans les crus Craig, il était interprété par le très bon Jeffrey Wright, désormais bien occupé avec la série Westworld. Si Leiter devait voler de ses propres ailes et galoper par monts et par vaux, ce serait l’occasion de rajeunir le personnage. Et recruter un acteur de l’âge de, au hasard, Richard Madden ? Trois suggestions d'acteurs aux profils très différents : Finn Wittrock, John Cho, Stephan James.
 
Et parce qu’une bonne idée ne reste jamais longtemps orpheline, figurez-vous qu’un comic book a aussi récemment été consacré à Leiter. Une mini-série qui faisait de lui un enquêteur indépendant lancé au Japon sur les traces d’une femme mystérieuse issue de son passé. Une piste intrigante qui pourrait permettre à ce spin-off de se distinguer des films de son comparse britannique – et du tout-venant du film d’espionnage.
 
Un préquel teen

 
D’Alex Rider à Cody Banks, on ne compte plus les espions teen qui ont été lancés comme autant de putatives sagas, avant de s’écraser au bout d’un ou deux films. Avec comme caution la popularité du personnage d’Ian Fleming, les choses pourraient se dérouler différemment pour un potentiel Bond junior. Là encore, les scénaristes n’auraient pas à aller chercher leur inspiration plus loin que les rayons de librairie, puisqu’une saga Young Bond, longue de déjà 10 tomes, est depuis une décennie un vrai succès. Equivalent d’un Batman Begins pour le personnage, la série commence quand il a 13 ans et qu’il entre à Eton College. École où, on s’en doute, il ne restera jamais loin des ennuis et des criminels…
 
Plonger Bond dans un bain de jouvence signifierait logiquement pour les producteurs se mettre en quête d’un nouveau public : le public ado, évidemment, celui qui se rue à chaque nouvelle sortie sur la violence soft d’un Hunger Games et les atermoiements niaiseux d’un Twilight. Des prérogatives finalement compatibles avec JB, personnage jamais connu pour avoir fait dans la réelle profondeur psychologique.
 
Une réunion de super-méchants
 

 
La plus risquée des pistes proposées ici, ou en tout cas la seule qui constituerait un véritable prototype qui n’a pas fait ses preuves chez la concurrence auparavant. L’idée ? Réunir plusieurs méchants de l’univers bondien et les voir fomenter leurs complots machiavéliques – contre Bond ou d’autres. Dans le canon littéraire et cinématographique, ce club Tupperware de cerveaux corrompus a un nom : le SPECTRE. A sa tête, le terrible Ernst Stavro Blofeld, Némésis de l’agent secret depuis ses débuts, et devenu sous l’ère Craig son frère ennemi – campé par un Christoph Waltz en mode full cabotin.
 
D’autres ont évidemment eu l’idée avant nous : à l’orée des années 2010, à la suite du succès du premier film Spider-Man mettant en scène Andrew Garfield, un film sur les Sinistres Six avait été annoncé. Cette association de malfaiteurs ayant dans ses statuts l’anéantissement du Tisseur compte des membres comme le Vautour, Venom, le Docteur Octopus, et le Rhino – interprété par Paul Giamatti dans The Amazing Spider-Man 2, avant que le projet de spin-off soit purement et simplement enterré. Pas folle, la Warner récupérera l’idée pour accoucher de l’abominable Suicide Squad – d’où notre opinion que la piste doit encore faire ses preuves pour convaincre pleinement.
 
Que ces multiples projets voient le jour ou non, soyez rassurés : vous n’échapperez pas à James Bond, quoiqu’il arrive. Car, comme les diamants, JB est bel et bien éternel.

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