Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire, monstres et cons pénibles

 


Peut-on faire un film consacré à un monstre haut de plusieurs immeubles sans tomber dans la surenchère neuneu et l’électroencéphalogramme désespérément plat ? Oui, serait-on tenté de dire après avoir vu le récent et japonais Godzilla : Minus One, qui revenait aux origines du personnages pour livrer un divertissement spielbergien en diable – références aux Dents de la mer à l’appui – et très réussi. Un succès après lequel ce Godzilla x Kong a l’infortune d’arriver.

Ce n’est d’ailleurs pas tant les personnages éponymes qui déçoivent – dès que c’est deux-là se castagnent, le ticket d’entrée mérite presque son prix –, que tout le reste. Louable était l’idée d’aller chercher des acteurs follement talentueux (Rebecca Hall, Brian Tyree Henry, Dan Stevens), mais leur faire jouer autre chose que des personnages empruntés à des films meilleurs et plus anciens (Jurassic Park en tête) débitant des punchlines vaseuses l’aurait été encore davantage. Côté scénario, Le Nouvel Empire se contente lui de dérouler le prévisible programme du blockbuster mondialisé et contemporain. Mondialisé puisque c’est désormais la Terre entière qui sert de terrain de jeu aux affrontements martiaux des colosse. Singes et lézards deviennent alors des avatars modernes du nain de jardin d’Amélie Poulain : ici, on s’amusera à reconnaître le Colisée de Rome, là les pyramides égyptiennes, là encore les plages de sable fin de Rio de Janeiro… Contemporain puisque les héros et héroïnes qui constituent le bestiaire du cinéma catastrophe actuel sont peu ou prou les figures auquel le Covid et le « Monde d'après » nous auront habitués : scientifiques à la ramasse, podcasteurs complotistes, mercenaires à la solde de conglomérats aux intentions transhumanistes plus ou moins nobles… Dans le King Kong premier du nom, en 1933, le héros était cinéaste – ce qui en dit assez long sur cette para-militarisation du genre en quelques décennies.

C’est d’ailleurs le grief qu’on pourrait faire à Godzilla x Kong : s’arrêter en si bon chemin, ne pas achever cette traversée du miroir et faire de ces bébêtes-là une analogie des monstres bien réels de nos sociétés. Il y avait pourtant l’embarras du choix : pandémies interminables, résurgence des régimes politiques autoritaires, guerres mondialisées… Là encore, la comparaison avec Godzilla : Minus One tourne en faveur de celui-ci : situé en 1947, il faisait de la bête un pur produit des essais nucléaires étasuniens – et une métaphore très claire de ce traumatisme national nommé Hiroshima. Dans Le Nouvel Empire, rien de tout ça, hélas ; ne reste que des bastons sans fin, à la fois grandiloquentes et assourdissantes – comme un match de boxe sous speed. Les inconditionnels du genre et les masoschistes (ce sont parfois les mêmes) y trouveront sans doute leur compte, et garderont religieusement leur Blu-ray du film, rangé entre Pacific Rim: Uprising et The Predator. Tous les autres, en revanche…

Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire (Godzilla x Kong: The New Empire), Adam Wingard, 2024. Avec : Rebecca Hall, Brian Tyree Henry, Dan Stevens, plein de monstres.

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