5 espions de cinéma qui doivent tout (ou presque) à James Bond

Si le genre du film d’espionnage fait des débuts timides dans les années 30 (notamment sous l’égide d’Alfred Hitchcock, avec Les 39 Marches et la première version de L’Homme qui en savait trop), c’est bel et bien au plus inoxydable des agents secrets, James Bond, que l’on doit le véritable lancement du genre. Évidemment, le carton rencontré par Bond au box-office ne tarda pas à faire des envieux, pas tous recommandables. Bref passage en revue de ceux qui, comme Bond, ont eu droit à leur propre franchise.

Note au benêt : l’importance de l’apport de Bond aux films d’espionnage étant à peu près inquantifiable, il a fallu opérer une sélection drastique. Les héros cités ci-dessous sont ceux qui ont connu le plus de succès, ou tout du moins le plus grand nombre de films. Des « sagas » plus concises comme celle de Johnny English et les nanars d’élevage, comme Opération frère cadet (avec Neil Connery, frère de) ont donc été laissés de côté.

Harry Palmer

 
En 1965, alors que la Bondmania bat son plein, le producteur de la saga Harry Saltzman décide de reproduire le coup de poker qui a si bien marché avec Bond ; il choisit le livre Ipcress, danger immédiat du romancier Len Deighton et décide de lancer une nouvelle franchise d’espionnage à succès. Mais si les intrigues des Bond deviendront de plus en plus improbables, voire grotesques (il ira même dans l’espace dans Moonraker), celles d’Harry Palmer, elles, sont beaucoup plus terre-à-terre : il vit dans un appartement spartiate, fait ses courses au supermarché et demande une promotion à son supérieur avant même d’accepter sa mission. Même le nom d’Harry Palmer avait été choisi pour être le plus ennuyeux possible (alors que l’agent secret restait innomé dans les romans), éloigné du court et très catchy James Bond. Dans son malheur, Palmer pouvait néanmoins se réjouir d’être interprété par ce trésor national anglais qu’est Michael Caine, tellement convaincant qu’il fut envisagé par les producteurs de James Bond pour succéder à Sean Connery – qu’il côtoiera dans L’homme qui voulut être roi. Caine refusa, souhaitant tourner autre chose que des films d’espionnage, mais reprit le rôle d’Harry Palmer quatre fois, dans deux autres films 60’s et deux téléfilms diffusés dans les années 90.

Derek Flint

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On se souvient aujourd'hui de James Coburn comme d'un dur à la décontraction légendaire, une figure qu’il a promenée dans des westerns ou des films de guerre désormais fameux, parfois réalisés par des grands comme Sam Peckinpah ou Sergio Leone. Ce que l’on sait moins, ce que lui aussi a tâté de la parodie bondienne, dans deux films fleurant bon les Swinging Sixties, respectivement titrés Notre Homme Flint et F comme Flint. Savants fous, machine pour contrôler la météo, conspiration féministe pour gouverner le monde (!), sans oublier de brèves mais incontournables références au Walther PPK et au SPECTRE : rien ne manque à l’appel pour tourner en dérision les récurrences et les tropes des aventures du héros d’Ian Fleming. Autre clin d’œil, plus étonnant celui-ci : l’un des méchants de Notre Homme Flint se nomme Hans Gruber, un patronyme qui sera celui du célébrissime vilain allemand interprété par Alan Rickman dans Piège de Cristal.

Matt Helm

dean martin

Là encore, le personnage connut une trajectoire similaire à l’agent 007 : d’abord héros d’une série de romans, Matt Helm tape rapidement dans l’œil d’un producteur finaud. Et comme dans le cas du plus célèbre des agents du MI-6, l’aspect « hard-boiled » des ouvrages originaux sera délaissé au profit d’un hédonisme bon teint et d’intrigues légères. Il faut dire qu’avec Dean Martin dans le rôle d’Helm, la fête s’annonçait forcément animée… Le résident à vie du Rat Pack (le quintet d’alcooliques de Frank Sinatra) apporte sa décontraction naturelle et son charme transalpin à cinq films dont plus grand-monde ne se souvient, à part peut-être une poignée de nostalgiques et d’inconditionnels. Suite au succès du reboot de la saga James Bond au milieu des années 2000 (et celui des deux autres JB, Jason Bourne et Jack Bauer), une nouvelle adaptation ciné fut annoncée, d’abord avec Steven Spielberg aux commandes, puis Robert Luketic (Kiss & Kill, Las Vegas 21). Mais rien de concret n’a (pour l’instant) suivi, sans doute pour des raisons d’agendas trop chargés.

Austin Powers


On présente souvent un peu facilement Austin Powers (interprété par Mike Myers dans trois films, bientôt quatre) comme une simple pochade reprenant les ingrédients de la recette du cocktail James Bond (un cocktail servi au shaker, pas à la cuillère, cela va sans dire) et les pervertissant pour en faire une couillonnade éhontée. C’est le cas, comme en attestent les calembours affligeants (Félicité Bonnebez, Foxxy Cleopatra) et les retournements de situation grossiers, qui font directement allusion aux films bondiens, mais pas seulement. Car avec Austin Powers, Myers souhaitait avant tout rendre hommage aux films d’espionnage de son enfance : Bond donc, mais aussi les trois espions précités ; ainsi Derek Flint est-il nommément cité et Powers a pour métier officiel celui de photographe de mode – tout comme Matt Helm. L’ex-Wayne Campbell poussera même le vice jusqu’à confier le rôle du (très libertin) paternel de son espion obsédé à Michael Caine. Celui-ci chaussera même ses lunettes d’agent secret une dernière fois dans le récent Kingsman, autre déclaration d’amour génialement déglinguée aux espions 60s.

OSS 117



On connaît tous, ici en France, les deux volets désopilants signés Michel Hazanavicius, déjà auteur du flim le plus drôle du monde, La Classe Américaine. Ce que l’on a cependant oublié, c’est qu’ils constituaient en réalité les 11ème et 12ème aventures du plus Français des agents du président René Coty, Hubert Bonisseur de la Bath, et que ledit sieur Hubert trouve son origine dans une série de romans créée en 1949, soit 4 ans avant James Bond ! Néanmoins, là ou ses prédécesseurs (parmi lesquels André Hunebelle, le réalisateur des Fantômas) cherchaient à se faire quelques deniers faciles sur le dos de la bête Bond, Hazanavicius réinvente le personnage, en fait un monstre de veulerie crasse, de machisme ignorant et de franchouillardise primaire. Par là, il tente sous nos yeux le croisement improbable (et irrésistible) de Goldfinger et des Barbouzes, de Dr. No et de L’Homme de Rio – et Jean Dujardin se révèle effectivement être le digne successeur de Jean-Paul Belmondo. Là encore, pour des raisons d’agenda chargé (Hazanavicius et Dujardin s’en sont allés gagner des Oscars, paraît-il), un troisième volet semble pour le moment compromis, mais une chose demeure certaine : la blanquette est bonne.

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