(Happy) Days of Future Past : passé et avenir de l'univers ciné Marvel (Partie 1)


Iron Man : La fièvre de l'or

 

Bref rappel historique : en 2008, Barack Obama, fraîchement élu homme le plus puissant du monde, n’a pas encore les cheveux aussi blancs qu’un supporter de Donald Trump et les super-héros ne dominent pas encore le box-office mondial. Le genre existe, mais quasiment en tant que niche. Les films sont souvent premier degré et classique dans leur approche (X-Men, Spider-Man), parfois risible (Batman & Robin) ou dark (Blade) – quand ils ne sont pas franchement dépressifs (le Batman de Nolan).

C’est alors que Marvel, maison éditrice de comic-books, se rend compte qu’elle touchera le jackpot si elle donne naissance à ses propres films plutôt qu’en louant simplement les licences. Sitôt dit, sitôt fait : Marvel Studios met en branle Iron Man, récit d’un marchand d’armes sans trop de scrupules qui devient justicier quand on lui greffe un cÅ“ur bionique. On connaît désormais tout ce qu’a enclenché le succès du film mais souvenons-nous quand même que lorsqu’il sort, il ne s’agit « que » de l’adaptation d’un héros peut-être connu mais loin de faire partie du folklore populaire, portée par un acteur tricard (Robert Downey Jr., jusqu’ici plus habitué aux cellules de dégrisement qu’aux premières hollywoodiennes) et un réalisateur très moyen (Jon Favreau, connu pour Zathura, remake spatial de Jumanji). Contrairement à ses concurrents, la Maison des Idées n’a qu’un seul mot d’ordre : « du fun, du fun, du fun ! » semblent-ils clamer, comme un trader un peu trop décidé à nous refourguer ses actions. On aimera ou pas, mais la machine est lancée : en quatre mots (« Je suis Iron Man », déclare Tony Stark à la fin du film), Marvel donne un bon coup de pied dans la fourmilière. Désormais, la vie de super-héros se vie au grand jour, et le genre sort du placard une bonne fois pour toutes.

Avengers : Le plus grand chapiteau du monde

 
 
« C'était la meilleure des époques. C'était la pire des époques. » nous disait Dickens dans son fameux Conte des Deux Cités. C’est un peu ce qu’on se dit pour ce qui s’appelle désormais le MCU, pour Marvel Cinematic Universe. Après le succès (amplement mérité) d’Iron Man premier du nom, on sent que le studio tâtonne encore sur la route à prendre et la stratégie à adopter pour faire cohabiter tous les héros qu’elle a dans sa besace. Le studio sort donc L’Incroyable Hulk (plus ou moins « retconné » par la suite, puisqu’Edward Norton, jugé peu apte au travail d’équipe, filera le short le plus solide du monde à Mark Ruffalo) et Iron Man 2, parfait exemple de suite précipitée et inutile. C’est à peine mieux avec Thor, origin story dont le plus gros défaut est le manque d’audace – avec un univers cosmique comme Asgard entre les mains, il y avait pourtant de quoi faire. Tout juste se consolera-t-on avec Captain America : First Avenger, joli film d’époque aux finitions steampunk, finalement moins naïf qu’il n’y paraît dans sa façon de réécrire la Seconde Guerre mondiale.

On saute donc tous ces films-là et on saute direct à la grande tambouille, le rouleau compresseur si longtemps promis : Avengers. Ici, adieu Dickens, place à Huxley, puisque c’est un peu le meilleur des mondes. Là où le potentiel de certains héros était criminellement sous-exploité au profit d’autres, tout le monde est ici logé à la même enseigne ou quasi. L’idée de génie de Marvel sur Avengers ? Être allé chercher Josh Whedon, créateur télé célébré à sa juste valeur, mais réalisateur néophyte. Pourtant, on le sait depuis Buffy et Firefly, chez Whedon, l’idée d’équipe se fait finalement moins le moteur d'une complémentarité sans faille que le révélateur des contradictions de chacun. Chaque héros porte donc sa croix, mais bon, rassurez-vous, on est quand même là pour faire tout péter. Avengers, c’est le type qui vient manger à un buffet à volonté, et qui décide de finir les plats, juste pour être sûr d’en avoir eu pour son argent. Du cinéma plein à ras-bord, qui cultive le trop plutôt que le trop peu, et c’est aussi bien comme ça. C’est du fan service oui, mais du bon – du qui donnerait envie à chacun de s’autoproclamer fan. Les vannes font mouche, l’intrigue fonctionne et le méchant – le flamboyant et finalement tragique Loki – est excellent. Un très bon prototype.

Car avec le film, Marvel écrit l’Histoire du blockbuster : pour la première fois, l’idée d’un univers partagé qui repose sur un système de vases communicants devient possible, au même titre que cela avait lieu dans les comics. Evidemment, tout le monde (mais vraiment TOUT LE MONDE, d’Harry Potter à Fast & Furious) décide de lancer le sien. Une preuve de plus du nez creux des petits malins de Marvel et une étape supplémentaire dans la domination du marché par le studio.

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