Terminator - Dark Fate : Le pire est avenir



 
Sarah Connor fait des rêves bizarres et ne passe plus devant les miroirs. Elle a des visions d’un futur antérieur... qui n’a jamais eu lieu. C’est là tout l’argument (et l’incongruité) de cet énième Terminator. Un tour de passe-passe bien pratique pour des sagas ressuscitées et défigurées tellement de fois (Alien, Halloween) qu’elles ont désormais des allures de zombie.

Exit donc les épisodes, 3, 4 et 5 et bienvenue dans cette suite « updatée », 3.1, aux idées qui n’ont malheureusement de nouvelles que le nom. Parce que le recyclage est bon pour la planète, Dark Fate ressasse sans originalité les films qui le précède, (Légion ou Skynet, même combat à armes inégales), bien qu’il tente, cahin-caha, de coller à son époque : 3/4 des personnages sont hispaniques et le passage de la tristement célèbre frontière mexico-américaine et de son mur trumpien sont des enjeux capitaux dans l’histoire. Mais cela ne suffit pas à faire oublier un script lamentable et téléphoné – et les rares tentatives d’alléger l’atmosphère tombent à plat tel un plongeur malvoyant. (Et pourtant, le Chêne autrichien est un grand acteur comique, revoir l’essentiel Last Action Hero pour s’en convaincre). 6 scénaristes sont crédités au générique ; chaque écrivaillon a-t-il saboté le travail du précédent ?

 
Même la contribution de Schwarzie, toujours aussi bien placé sur l’affiche, ne tient que du second rôle très bien rémunéré. Et la nouvelle direction donnée à son être mécanique – un décorateur d’intérieur (!) nommé Carl (!!) prêt à mourir pour s’amender d’avoir assassiné John Connor (!!!) – tient quasiment du crime de lèse-majesté. Depuis Die Hard 5, et John McLane et son fiston partant à la cueillette aux champignons dans les ruines de Tchernobyl, on n’avait pas vu telle trahison faite à une icône 80s.

Pour beaucoup de héros de pellicules, l’heure est aux adieux, d’ailleurs : il y a 2 ans, James Mangold et Hugh Jackman orchestraient le déclin et la disparition du colosse aux pieds d’argile, Wolverine, sans tambour ni trompettes, un sort qui est aussi celui du T-800. Mais la médiocrité de tout ce qui précède empêche d’être un tant soit peu ému par cet adieu aux armes. Les résultats décevants de ce « sombre destin » au titre prémonitoire enterre vraisemblablement toute velléité de faire redémarrer la franchise. Tant pis. Ou tant mieux. Car on l’a dit et on le répète : le tout premier Terminator est un chef-d’œuvre qui se suffit à lui-même, et toutes ses suites sont au mieux superflues (T2), au pire irregardables (Genisys). Avec ce 6e volet, la franchise connaîtra peut-être, on l’espère, son Jugement dernier.

Terminator : Dark Fate, Tim Miller, 2019. Avec : Linda Hamilton, Arnold Schwarzenegger, Mackenzie Davis, Natalia Reyes, Gabriel Luna.

Et pour liker, commenter, s'enjailler, l'aventure se poursuit par ici : Sitcom à la Maison !

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