La vie est benne : 9 projets de spin-off télé mis à la poubelle
Qui l’eût cru ? A la
création du personnage en 2009, qui aurait dit que Saul Goodman, le trublion de
Breaking Bad, contrepoint comique parfait aux sinistres Walter White et
Gus Fring, volerait de ses propres ailes, et deviendrait la vedette de sa
propre série, l’exceptionnelle (et on pèse nos mots) Better Call Saul,
réussite qui vient de s'éteindre et n'a presque rien à envier à sa prodigieuse grande sœur ?
Réussir un spin-off (une série
dérivée), pourtant, est souvent une gageure, et l’on ne compte plus les essais
ratés. Pour un Better Call Saul, combien de Joey ? Pour un Frasier,
qui perpétuait avec brio l’héritage de la délicieuse Cheers, combien d’Experts : Miami ? Parfois, le sort est même un peu plus cruel et lesdits
dérivés ne voient même pas le jour. Tour d’horizon de ces séries sur lesquelles
on peut au mieux spéculer ; car « si ma tante en avait, on la mettrait en bouteille » !
Les Simpson
C’est l’une des séries à la plus grande longévité de l’histoire et il est même étonnant qu’elle n’ait pas donné lieu à des séries dérivées. Pourtant, Les Simpson ont eux aussi envisagé de s’étendre, avec un spin-off au concept gentiment surréaliste : Krusty, le clown décadent de Springfield, quitte la ville et va s’installer à Hollywood, pour présenter un late show façon David Letterman. Rien de bien inhabituel pour Les Simpson, qui ont presque tout fait et sont allés très loin ? Oui, mais : la série n’aurait pas été animée, mais en live action, et Dan Castellaneta, qui double Krusty (et Homer) aurait repris le rôle en « vrai » ! La Fox renoncera finalement au projet, pour une raison tout aussi lunaire : Krusty vivait dans une maison en pilotis grignotée par des castors… et faire jouer des castors apprivoisés aurait coûté trop cher (sic). On peut toujours se consoler en disant que, si la série avait vu le jour, sans doute Matt Groening n’aurait-il jamais créé la merveilleuse Futurama. Pas sûr qu’on ait perdu au change.
Buffy contre les vampires
Phénomène monstre (et chef-d’œuvre télévisuel) de la décennie 90, Buffy a très logiquement cherché à s’agrandir dans un de ces univers étendus chers à ce grand fan de comic book qu’est son créateur Joss Whedon. Ce fut chose faite avec Angel, série policière néo-noir qui connut son propre beau succès. Mais, plein de suite dans les idées, Whedon ne comptait pas s’arrêter là et souhaitait aussi lancer : une série animée avec les personnages principaux de Buffy ; Faith the Vampire Slayer, consacrée à l’anti-héroïne badass rivale de Buffy ; un film centré sur Spike, le Billy Idol des vampires, entre autres. Notre projet putatif préféré ? Ripper, téléfilm qui aurait narré les jeunes années de combat contre les forces occultes de Rupert Giles, le bibliothécaire au charme et à l’accent anglais so british. Too bad, guvna…
Gilmore Girls
Dans la saison 2 de GG,
Jess Mariano (Milo Ventimiglia, vu depuis dans Heroes et This is Us),
débarque dans la paisible bourgade de Stars Hollow après des démêlés avec la
justice. Décontenancée par ce beau brun ténébreux, Rory Gilmore (l’une des girls
du titre), hésitera un moment entre lui et Dean, son petit ami établi… Vu la
popularité grandissante du personnage, la chaîne The WB se tâtera de lancer un
spin-off en Californie, consacré à Jess, pour l’occasion rabiboché avec son
dabuche. Avant d’arrêter les frais, et pour une raison très simple :
tourner à Venice Beach coûtait un fric fou. Restera cette belle scène de
Gilmore Girls, où Mariano père et fils prennent leur panard sur Suffragette
City de Bowie. Wham bam, thank you ma’am !
Friends
Adieu Friends, bonjour Girlfriends ? Avant de lancer la calamiteuse Joey, la chaîne NBC envisageait de créer une série centrée sur la fantasque Phoebe Buffay (Lisa Kudrow), pour l’occasion acoquinée avec Charlie (Aisha Tyler), petite amie de Joey puis de Ross dans les dernières saisons de la série. Quand on sait que la difficulté pour Kudrow à retrouver le haut de l’affiche après un carton iconique lui a inspiré la géniale Mon comeback, on se dit qu’on n’a pas perdu au change (bis).
Veronica Mars
Quand la saison 2 de Veronica Mars touche à sa fin, son créateur Rob Thomas est face à un dilemme : comment introduire le changement dans la continuité, ou plus précisément garder l’énergie juvénile à laquelle la série carburait jusqu’ici alors que le lycée laissera la place à la fac ? À cette question, Thomas répond avec plus ou moins de succès, en faisant se succéder trois arcs narratifs distincts dans la saison 3 quand les précédentes n’en avaient qu’un seul plus vaste, et en introduisant des nouveaux personnages. Cette évolution en demi-teinte sonnera hélas le glas de la série, et les tentatives de films ou de comic books mettant en scène Veronica au FBI n’aboutiront pas. Depuis, un film – au sujet différent – et une tardive saison 4 ont apporté leur pierre à l’édifice. Sans jamais retrouver la magie des débuts, mais tant pis : c’est toujours un plaisir de retrouver la Mars et les mystères de Neptune.
The Office
Le premier projet dérivé de The Office vit bel et bien le jour : c’est Parks and Recreation, toutefois détaché de tout lien avec la bande de Scranton avant sa diffusion, en dépit d’un staff commun devant et derrière la caméra. On ne peut en dire autant d’autres idées : ni The Farm, centré sur Dwight Schrute et son inquiétant cousin quand il n’est pas au bureau, ni Uncle Stan, consacré au très paisible Stanley Hudson, ne devinrent des séries. Comme l’avait déjà montré les dernières saisons de la série, The Office eut du mal à s’agrandir une fois disparu l’inénarrable Michael Scott.
Game of Thrones
En 2017, alors que GOT est le mastodonte télévisuel et le phénomène de société que l’on sait, ses créateurs et la chaîne HBO frappent fort : une fois la série achevée, cinq spin-offs seront lancés pour lui succéder. Guère moins ! Mais qui trop embrasse mal étreint, et l’accueil tiédasse réservé à la dernière saison de la série font réaliser à tout ce petit monde que le public n’est pas si demandeur que ça… De ces cinq projets, un seul verra in fine le jour : House of the Dragon, finalement diffusé pile en même temps que Les Anneaux de Pouvoir, autre préquel d’une saga culte, autre vache à lait pour studios peu inspirés… Décidément : quand ça veut pas, ça veut pas.
La Tour sombre
Et, à propos de studios peu inspirés, voilà un exemple typique : quand elle sort le film La Tour sombre en 2017, Sony entend bien en faire une franchise multimédia, qui déploie sur différents supports la vaste histoire contée par Stephen King en 8 tomes. Sauf que : l’échec du film tue dans l’œuf toute velléité d’entêtement, et le projet est repris par Amazon avec d’autres scénaristes et interprètes, avant de mourir à petit feu, sans que personne ne s’en plaigne vraiment. Morale de l’histoire : mieux vaut ne pas vendre la peau de l’ours avant que les poules aient des dents. Ou quelque chose comme ça.
Jane the Virgin
Vous n’avez pas encore visiodévoré Jane the Virgin ? Et vous attendez quoi ? Lointainement inspiré d’une vraie telenovela vénézuélienne, la série s’empare du style outrancier et des rebondissements improbables de ce genre si particulier pour en faire une comédie à la fois ironique et touchante. À la fin de la série, une série dérivée devait elle aussi voir le jour, épaississant encore la mise en abîme et jouant sur les divers niveaux de diégèse. On y aurait vu prendre vie les romans à l’eau de rose de Jane, héroïne de la série-mère et autrice à la ville. Alors que le projet était bien avancé et avait même recruté plusieurs interprètes (dont Marcia « Bree Van de Kamp » Cross), l’idée fut finalement abandonnée.
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