Toi aussi, révise le Bac avec la filmo de Gérard Depardieu

Ami lycéen, Sitcom à la Maison a pensé à toi ! Tu passes le Bac en juin et les écrits à venir te donnent des sueurs froides ? Tu dois te mettre les déclinaisons de grec dans la tête mais tu en perds ton latin ? Nous avons trouvé pour toi une méthode infaillible pour trouver le « gai savoir » (dixit Nietzsche) ou « apprendre en s'amusant » (dixit Gotlib) : mater des films avec Gérard Depardieu.

Qui de mieux que notre Gégé national, en effet, pour faire passer cette épreuve si française qu'est le baccalauréat – qui, pour l'anecdote, doit son nom au terme latin désignant la couronne de lauriers dont on affublait les récipiendaires... En plus de 200 films d'une qualité très inégale – Truffaut, Bertolucci et Peter Weir y côtoient Onteniente –, Depardieu a tout joué. Un œuvre qui prête le flanc à de nombreux classements et classifications, dont celle-ci, qui vaut quand même mieux que des antisèches. Bonnes révisions ! 

 

Pour sortir des tirades de fou à l'oral de français

Coefficient depardiesque : 7

Dans sa prime jeunesse castelroussine passée à se castagner dans les bars, Gérard Depardieu, qui a fui les études après le certif', aurait-il pu se douter qu'il donnerait chair à tant de grands textes ? Dès les débuts de sa carrière, il est le placide Zadig dans une adaptation télévisée du conte voltairien.

Et puis, alors qu'il entame la belle carrière au cinéma qu'on lui connaît, il devient celui que l'on appelle peu ou prou à chaque fois pour porter sur ses solides épaules des classiques du répertoire français, signés de Molière (Le Tartuffe), Pagnol (Jean de Florette, avé l'assent), Marcel Aymé (Uranus), Zola (Germinal), Giono (Le Hussard sur le toit) ou Balzac (Le Colonel Chabert) – il interprétera même le père de la Comédie humaine à la télé avant de lui revenir plus tardivement dans Illusions perdues. Point d'orgue de cette louable entreprise d'exhumation patrimoniale : le magnifique, munificent, somptueux Cyrano de Bergerac de Rappeneau (sur un scénario de Jean-Claude Carrière), dans lequel Gérard apporte au personnage toute sa truculence et sa bonhomie. Honnêtement, si vous ne trépignez pas d'excitation pendant la tirade du nez, on ne peut pas grand chose pour vous. Ce Cyrano-là, en fait, est tellement imposant que personne ou presque ne s'y est plus frotté au ciné, ou alors de façon détournée...

A l'orée des années 2000, Depardieu reviendra à la télé pour quelques incursions racinienne (Bérénice) ou hugolienne (Ruy Blas) avant de trouver un certain filon avec une salve de « dramatiques » vaguement prestigieuses et souvent produites avec la même équipe : l'inoxydable Josée Dayan à la caméra, le romancier Didier Decoin au script, le tout pour France Télévisions. Se succéderont donc Le Comte de Monte-Cristo, Balzac (voir plus haut) Les Misérables (il y est le preux Jean Valjean) puis Les Rois maudits.

Dans un registre moins académique, ajoutons que Gérard fut également l'inénarrable Bérurier le temps d'un San-Antonio de sinistre mémoire puis Maigret dans la récente et réussie adaptation simenonienne de Patrice Leconte. Il y est sobre, solide, sans mimiques ni fioritures : bref, du Gégé comme on l'aime. Enfin, ce (long !) conseil de classe ne serait pas complet sans la relation particulière que l'acteur semble avoir nouée avec Alexandre Dumas : en plus d'avoir interprété le feuilletoniste lui-même (L'autre Dumas), il aura tour à tour joué Porthos (L'Homme au masque de fer), D'Artagnan (Blanche) et Mazarin (La Femme Mousquetaire). Une bibliothèque à lui tout seul, on vous dit !

 


Pour fumer tout le monde en Histoire

Coefficient depardiesque : 5

Étudier l'histoire de France avec Gérard Depardieu, c'est à la fois divertissant et déroutant : tous les grands hommes ont la même tête. Après s'être échauffé avec des seconds rôles dans des évocations de faits divers français (L'affaire Dominici, Stavisky) et donné corps au sympathique margoulin René la Canne, Gégé chausse les pompes de poids lourds historiques. Tout d'abord dans le rôle-titre du colossal Danton d'Andrzej Wajda puis en incarnant Auguste Rodin face à la Camille Claudel d'Isabelle Adjani. Plus près de nous (à l'écran) et plus loin de nous (dans l'Histoire), il fut également le trouble Fouché du Napoléon joué par Christian Clavier (no joke!) et « l'Empereur de Paris » Eugène-François Vidocq, dans l'infameux film de Pitof. (Rôle depuis repris par Vincent Cassel, fils spirituel de Depardieu). Dernière figure historique française à son tableau de chasse : le « prophète » Nostradamus dans le téléfilm Diane de Poitiers. Rien que ça !

Autres vaches sacrées interprétées par l'acteur, mais ne disposant pas de la nationalité française : Christophe Colomb, dans l'europudding 1492 de Ridley Scott, alors en pleine traversée du désert entre Thelma et Louise et Gladiator ; ainsi que les soviets Staline (chez Fanny Ardant) et Raspoutine, toujours pour Josée Dayan. Serait-ce son amitié avec l'autocrate Poutine et sa nationalité russe tardivement acquise qui auraient poussé Depardieu à s'intéresser à ces noirs personnages ?

 


Pour décrocher la moyenne à l'oral d'anglais

Coefficient depardiesque : 4

S'il ne fallait garder qu'un seul acteur français parlant anglais, ce serait sans aucun doute le grand Louis de Funès et son indémodable big moustache. « Dipardiou », pour autant, n'a pas démérité et a fait étalage de tout son talent de, comment dire, French lover dans quelques films anglophones : Green Card, où il tente d'obtenir la nationalité américaine en épousant pour de faux la délicieuse Andie McDowell, Bogus avec Whoopi Goldberg, le pitoyable 102 Dalmatiens ou le plus recommandable Hamlet de Kenneth Branagh. Œuvre la plus étonnante de cette phase américaine : My Father, ce héros, dont le titre franglais traduit bien toute l'incongruité : Gégé y reprend en effet son rôle de Mon père ce héros, mais cette fois-ci in (broken) english ! Histoire de ne pas pénaliser ceux qui ont choisi espagnol en LV1, précisons qu'il s'est également illustré avec son copain Gad Elmaleh dans un film nommé Olé! Pas de quoi se taper 17 à l'oral, certes, mais c'est déjà ça.

 

 

Pour garder la forme en cours d'EPS

Coefficient depardiesque : 2

Bon, d'accord, ces dernières années, Gégé est davantage connu pour écluser les boutanches de son Coteaux-du-layon que pour courir les marathons – cf. le bien nommé Saint-Amour. Et pourtant !, il n'en a pas toujours été ainsi, puisqu'il a participé dans sa jeunesse à des combats de boxe clandestins. On en revient presque toujours à ses premières amours, raison possible pour laquelle l'acteur s'est récemment illustré dans des films à composante sportive : turf (dans... Turf), pétanque (Les Invincibles) ou football (La Dream Team). A propos de ballon rond, d'ailleurs, impossible de ne pas citer l'accident industriel United Passions, hagiographie financée par la FIFA et suivie de près par l'escroc Sepp Blatter lui-même. Depardieu y est Jules Rimet, père de la Coupe du monde – qui, dans la vraie vie, était haut comme trois pommes et filiforme... C'est ce qu'on appelle une licence poétique.

 


Pour chanter juste à l'épreuve de musique

Coefficient depardiesque : 2

On pense ici moins à la carrière de chanteur de Depardieu – assez honorable, notamment lorsqu'il reprend Barbara – qu'aux hommes de musique qu'il a pu incarner. D'abord dans l'excellent Tous les matins du monde d'Alain Corneau, qui retrace le parcours du gambiste Marin Marais (avec une bande originale de Jordi Savall), puis dans Quand j'étais chanteur, où il est un émouvant crooner sur le retour. Aux rayons seconds rôles, il fut aussi le découvreur de la môme Édith Piaf dans le biopic éponyme et le danseur funky du Disco de Fabien Onteniente. Deux salles, deux ambiances.

Bonus : Outre ces matières incompressibles, retrouvez aussi des listes de lecture « made in Depardieu » pour de nombreux unités d'enseignement en option. Parmi lesquelles : l'éducation sexuelle (Les Valseuses et son tutoriel d'allaitement, Tenue de soirée et sa belle apologie de la sodomie), la géographie (Fort Saganne, Paris je t'aime, Welcome to New York, Tour de France, Mystère à Saint-Tropez, Marseille, Adieu Paris) la cuisine (Vatel, Vacances sur ordonnance, L'Odyssée de Pi) ou, pour les élèves de bahuts privés, le catéchisme (Sous le soleil de Satan, Les Anges gardiens, Le Pacte du Silence). Et si jamais vous cherchez quoi répondre à votre daron qui vous prend le chou pour que vous bachotiez, faites ça avec panache et répondez avec un titre de film de Gérard Depardieu !

Et pour poucer, commenter, réagir à un chouette blog : Sitcom à la Maison.

Posts les plus consultés de ce blog

Sylvain Lefort, critique : "Marcello Mastroianni a construit toute sa carrière pour casser son image de latin lover"

Mission: Impossible - The Final Reckoning, entre le ciel et l'enfer

Reporters, conflit de canards