La vie est un zoo : la destinée rugissante de Leo, le lion de la MGM



Il a débuté sur le grand écran il y a plus de 100 ans. A ouvert pour Rocky, James Bond, la Panthère Rose ou le magicien d’Oz. Été parodié par les immenses Marx Brothers et les guère moins mythiques Monty Python. Lui, c’est Leo le lion, mascotte immédiatement reconnaissable de la Metro-Goldwyn-Mayer, ou MGM pour les vrais. Mais, au fait, comment le roi de la jungle s’est-il retrouvé à jouer les têtes de gondole pour les tycoons hollywoodiens ?

Pourquoi, d’ailleurs, un lion et pas une mangouste ou une galinette cendrée ? La réponse est assez peu cryptique : Howard Dietz, le publicitaire de ce qui est seulement à l’époque Goldwyn Pictures, avait fait ses études à Columbia, université dont la mascotte était, eh oui, un lion. (On lui doit également la devise du studio : « ars gratia artis », soit « l’art pour l’art ».) Slats, c’est le nom du premier animal à exhiber sa crinière au générique, jusqu’à son remplacement en 1928. Car c’est là le secret de Polichinelle de ce félin : comme le pape ou le père Fouras, il a toujours la même tête mais aura été interprété par des acteurs différents au cours de sa carrière. Notons que ledit Slats se contentait de dodeliner de la tête en noir et blanc, sans rugir – ère du muet oblige. Force est d’avouer qu’un lion qui ne rugit pas, c’est un peu comme un Al Pacino qui ne pousse pas des cris d’orfraie : ça a tout de suite moins de gueule.

Puis viendra Jackie, rare gros chat sponsorisé MGM à connaître en marge des génériques une honorable carrière à l’écran ; il apparaîtra notamment dans la série des Tarzan portée par les épaules et le cri guttural de Johnny Weissmuller. Se succéderont ensuite des lions légèrement interchangeables que la conscience professionnelle nous force toutefois à citer : Bill, Coffee, Tanner, etc. Dans une époque où les moyens techniques (films parlants, puis en couleur, animation sans cesse perfectionnée) se suivent sans se ressembler, la MGM voit dans le lion le moyen idéal d’expérimenter ces innovations sans trop prendre de risques.

C’est en 1957 que Leo, huitième tenant du titre (et premier à porter le même nom que son double fictionnel !) commence son long règne. Son apparence change peu, ou alors uniquement lorsqu’on la saupoudre d’or et de bling-bling pour fêter avec pompe les 50 puis les 60 ans du studio. Plus près de nous, dans les années 2000 et 2010, on sollicite, là encore, les moyens dernier cri pour le rajeunir : le logo passe en 3D et le rugissement est remixé avec les cris d'un tigre. Et puis, signe des temps, en 2021, on fait prendre une retraite bien méritée au lion de chair et d’os pour le remplacer par un animal flambant neuf totalement généré par ordinateur – à l’occasion de Mourir peut attendre, dernier Bond de l’époque Craig. Fin d’une ère, début d’une autre… Finalement, « à l’insu de son plein gré », au nez et à la barbe de ceux qui arrivent toujours à la bourre au cinoche, la destinée de Leo le lion peut se lire comme une métaphore du savoir-faire hollywoodien lui-même : une industrie née de l’art circassien désormais presque entièrement redevable aux effets spéciaux.

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