Le Processus de paix, le combat continu

 


À quel moment ça a déraillé, à quel moment l’agressivité est devenue leur seul modus operandi ? Au premier enfant, au deuxième ? Peut-être quand ils ont arrêté de s’écouter, de vraiment s’écouter ? Pourtant, ils s’aimaient, au départ, et s’aiment encore, même différemment… Alors, pour éviter d’aller droit dans le mur, Marie et Simon (Camille Chamoux et Damien Bonnard, prodigieux tous les deux) reprennent tout du début. Du début de l’humanité, même : en mettant au point une « Charte du couple », sur le modèle des Tables de la loi.

Radiographie de la vie de couple, de ses grandes défaites et de ses petites victoires, Le Processus de paix pose aussi la question : c’est quoi être normal ? C’est quoi la normalité, en 2023 : est-ce encore être un couple hétéro, monogame, avec deux enfants, alors que les alternatives n’ont jamais été si nombreuses : union libre, coparentalité, couples qui trouvent leur félicité conjugale dans le divorce… Au cœur de ces géométries variables, une seule constante peut-être : l’amour. L’amour « malgré tout », avec son lot de frustrations (parfois) et de compromis (souvent). Dans Le Processus de paix aussi, l’amour est multiple : au sein du couple bien sûr, mais aussi entre frères et sœurs, entre parents et enfants, entre amis… Ça méritait bien une dizaine de commandements.

Fort de ce postulat, le film peut compter sur une irrésistible galerie de seconds rôles, de Jeanne Balibar en quinquagénaire très désirée à Sofian Khammes, surprenant en gendre idéal, en passant par Laurent Poitrenaux en vieux beau porté sur les anglicismes. Peut-être parce qu’il vient du documentaire, Ilan Klipper affectionne ces scènes commençant d’une façon bien ordonnée avant que le chaos de la vraie vie vienne les dérégler. C’est poilant, joyeusement foutraque, angoissé et ça sent le vécu. Comme la « vraie vie », en plus drôle plus émouvant : la vie en mieux.

Le Processus de paix, Ilan Klipper, 2023. Avec : Camille Chamoux, Damien Bonnard, Ariane Ascaride, Sofian Khammes, Jeanne Balibar. 

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