Règle 34, la loi du désir
C’est peu dire que le cinéma
brésilien est encore méconnu en France. Souvent cantonné à quelques classiques
(Orfeu Negro du Français Marcel Camus) ou ponctuels coups de
poing (la fameuse Cité de Dieu), il fait toutefois entendre
depuis quelques années les voix singulières de cinéastes comme Karim Aïnouz ou
Kleber Mendonça Filho. Avec son troisième film, Règle 34, la réalisatrice Júlia Murat filme elle avec talent les questionnements et la
colère de la jeune génération.
C’est sur le tropique de la
violence que cinéaste géographie son film. Violence d’un appareil policier et judiciaire
répressif et abusif, particulièrement pour les populations les plus
fragiles et les moins claires de peau, au sein d’une société très stratifiée,
au pays du « racisme cordial ». Violence des rapports humains entre
les hommes et les femmes, les rôles assignés à chaque genre étant
particulièrement circonscrits, étriqués ; le film rappelle à ce titre que
le Brésil est le 5e pays le plus touché au monde par les
féminicides.
À cette brutalité, la jeunesse brésilienne, et l’héroïne du film, Simone (lumineuse Sol Miranda), opposent la fougue et la liberté. Liberté de choisir celui ou celle qu’elle voudra aimer, peu importe sa couleur de peau ou son histoire. Liberté de s’adonner à des pratiques que des conventions sociales dépassées récusent. Liberté, aussi, de toucher du doigt la violence, là encore, mais celle que l’on choisit et non celle que l’on subit. Jusqu’au point de non-retour ? Car, quand elle n’étudie pas le droit, Simone est cam-girl et s’adonne à ses fantasmes et ceux de ses followers, autoasphyxie et BDSM en tête. Des scènes d’intimité que la cinéaste saisit sur le vif, jusqu’à l’incandescence. À propos de l’art cinématographique, Jean Cocteau écrivait que cela consiste à « filmer la mort au travail ». Petite-cousine brésilienne d’un Kechiche, Júlia Murat fait, elle, exactement l’inverse : elle filme la vie dans toute son ampleur.
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