Blow : Nez sous la même étoile

 

Au début des années 2000, Johnny Depp n’était pas encore le clown de luxe estampillé Disney qu’il est aujourd’hui, grimé en pirate (Pirates des Caraïbes), en Chapelier fou (Alice au pays des merveilles) ou en Indien (Lone Ranger). Pourtant, à revoir aujourd’hui un film comme Blow, on se doute ce qui a pu pousser Depp à jouer la carte de la facilité : il en avait probablement marre de bien jouer dans des mauvais films. Quand sort Blow en 2001, les coups d’éclat de Las Vegas Parano et Donnie Brasco paraissent en effet déjà lointains.

La faute, déjà, à un script paresseux et téléphoné : il n’y a rien ici qu’on n’ait pas déjà vu ailleurs (au hasard, chez Scorsese) en mieux. De plus, le scénario n’arrive jamais à se débarrasser d’un formulisme embarrassant et assez répétitif : George Jung deale de la drogue, se fait trahir par ses associés dans le crime, il va en prison, en sort, se remet à dealer, se fait trahir de nouveau, etc. Ici, à part une voix off gentiment ironique, pas de réel storytelling – mais après tout, pourquoi s’embêter, puisque tout cela est « tiré d’une histoire vraie » ?

Autre problème, et pas des moindres : Jung n’est jamais montré autrement que comme un abruti fini, ce qui limite d’emblée le potentiel du film. Du coup, Depp fait ce qu’il peut, pris au piège entre un récit étriqué et des personnages potentiellement bons sacrifiés sur l’autel de l’efficacité – celui de Pénélope Cruz, par exemple. Pour ce qui est de la carrière de l’acteur par la suite, Depp a multiplié les rôles farfelus et grand-guignolesques – suscitant une méfiance grandissante de beaucoup envers ses talents d’acteurs et prenant d’une certaine façon la suite de Nicolas Cage, lui aussi ex-acteur fou converti aux bienfaits du blockbuster. Il y a quelques années, Sean Penn disait d’ailleurs de Cage qu’il n’était "plus un acteur, mais [était] devenu un performeur ". Pour ce qui est de Depp, on en reparle d’ici quelques années ?
 

Blow, Ted Demme, 2001. Avec : Johnny Depp, Franka Potente, Pénélope Cruz, Paul Reubens, Ray Liotta.
 

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